Comment la Watchtower Déforme les Ecrits de Tertullien pour Justifier son Interdiction des Transfusion Sanguines

Andrew W. Lusk (avec Maximus et Marvin Shilmer)


? la page 29 du  La Tour de Garde du 15 Juin 2000, la rubrique "Questions des Lecteurs"  traite des transfusions sanguine. Tertullien est cité aux cinquièmes et sixièmes paragraphes de cette page.

Les remarques de Tertullien de cette rubrique se trouvent dans le recueil Des Pères anté-Nicéens, Vol. IV, Chapitre IX, sous le titre « Apologie ». La brochure sur le sang de la Watchtower emploie aussi des remarques semblables de Tertullien pour soutenir son interdiction des transfusions sanguines. Les citations peuvent être lues sous des versions différentes sur les Sites Internet mis en lien ci-dessous.

Des copies entières sont ajoutées dans l’Annexe et  les citations utilisées par la Watchtower sont mises en gras. Notez que la Watchtower n’a que partiellement cités certaines sections de l’apologie de Tertullien, Chapitre IX.

Le livre Comment Raisonner de la Watchtower cite aussi Tertullien. La Watchtower argumente de la façon suivante :

"L’interdiction Biblique inclut-elle le sang humain ?

"Oui et les premier Chrétiens l'ont compris de cette façon. Actes 15:29 dit" de continuer de s'abstenir du sang .... "Il ne dit pas simplement de s'abstenir de sang animal. (Comparez Lévitique 17:10, qui a interdit la consommation " de toute sorte de sang. ") Tertullien (qui a écrit pour la défense des croyances des premiers Chrétiens) déclare :" l'interdiction  "du sang" nous le comprenons comme étant (une interdiction) beaucoup plus sur le sang humain. "-, Les Pères anté-Nicéens Vol. IV, p. 86."

La phrase complète de Tertullien tirée de  Les Pères anté-nicéens Vol. IV peut se lire comme suit (la partie citée par la Société est en gras) :

"Il est suffisant , que l’endroit ou il a été dit de se préserver de l'adultère et de la fornication soit positionné pour son propre honneur entre l'idolâtrie et le meurtre : pour l'interdiction du" sang "nous le comprenons comme étant (une interdiction) beaucoup plus se rapportant au sang humain."

Il est évident que la Société veut que ses lecteurs concluent que Tertullien soutient l'idée de s'abstenir de manger du sang humain.

Il est aussi évident que, quand on lit dans son intégralité, les remarques de Tertullien cela ne se rapportait pas du tout sur la consommation de sang humain. Les remarques de Tertullien voulaient plutôt dire que l'interdiction de s'abstenir du sang comme on le trouve dans le Décret Apostolique des Actes, au Chapitre 15, s'applique "beaucoup plus au sang humain" dans le sens d’un meurtre.

Peut-être Tertullien va-t-il aussi au-delà de ce qui est écrit. Par exemple, il ne fournit aucun commentaire sur le  Deutéronome 14:21 ou en ce qui concerne Lévitique 17:15. Ces passages prévoient de se nettoyer et de prendre un bain si on a mangé de la viande " non saignée".

Quand on lit entièrement le Chapitre IX de l'Apologie de Tertullian, on voit Tertullien réfuter les arguments des Romains. Il explique que les Chrétiens croit qu'il est mal de sacrifier des enfants et ne participe pas à ces sortes de rituel, y compris l'avortement. La partie finale du Chapitre IX traite de la réfutation de l’accusation de l'inceste.

Il est vrai que quelques auteurs des premiers Chrétiens ont rejetés et dénoncé la consommation de sang humain. Cependant, cette pratique avait pour circonstance la consommation de sang de prisonniers exécutés ou abattus par des gladiateurs. Tertullien, au Chapitre IX, prend l’exemple de la "consommation" de partie humaine provenant de gens morts, et dans ce cadre c’est la consommation du sang mais aussi de la chair  qui est fautive. Pour réfuter les calomnies qui ont été dites au sujet des Chrétiens, Tertullien montre aux Romains que les Chrétiens ne sacrifient pas des personnes (particulièrement de petits enfants) et des animaux sans bonne raison et ne les mangent pas pour simple raison  que le meurtre est moralement répréhensible. Dans ces cas les personnes qui consommaient du sang le prenait par la force.

Les commentaires de Tertullien diffèrent fondamentalement de l’acceptation d’une transfusion sanguine dont le sang a été fournit par un donateur. Avec du sang d’un donateur,  il n'y a eu aucun meurtre d’accompli. Il n'y a aucun aspect religieux ou rituel dans la transfusion sanguine moderne. La consommation de sang de personnes mise à mort est complètement différente du fait d'accepter le sang d’un donateur. Parce que la pratique de la transfusion sanguine venant d’un donateur ou l’utilisation de fractions de sang n'existait pas alors, personne ne sait ce que les premier Chrétiens auraient pu penser de cette pratique.

Avec une certaine ironie on peut lire sous la plume de Tertullien dans son Apologie que le sang humain servait à nourrir le foetus – le fœtus selon lui, était alimenté du sang de sa mère. Il aurait été intéressant que la Watchtower explique les commentaires de Tertullien sur ce sujet, tout en employant en même temps les informations qu’elle utilise déjà pour tenter d’expliquer que le sang ne doit pas être consommée.

Les commentaires de Tertullien n'ont tout simplement pas été présentés dans leur intégralité par la Watchtower.


Annexe

Tiré du chapitre IX:

 

"9. Pour en revenir à ce repas de sang et aux plats  |p39 de ce genre, dignes de la tragédie, voyez s'il n'est pas rapporté quelque part — c'est dans Hérodote, je pense — que certaines nations, pour conclure un traité, se sont procuré du sang tiré des bras, que l'une et l'autre partie buvait. Devant Catilina, il y eut aussi je ne sais quelle dégustation de ce genre. On dit encore que, chez certaines nations scythiqucs, tous les défunts sont mangés par leurs parents. — 10. Mais je cherche trop loin. Aujourd'hui même, chez vous, c'est le sang tiré de la cuisse ouverte, et recueilli dans la main, qu'on donne à boire aux fidèles de Bellone pour les initier. De même, ceux qui, dans un combat de gladiateurs dans l'arène, ont bu avec avidité, pour guérir la maladie comitiale, le sang chaud des criminels égorgés et découlant de la gorge, où sont-ils (sinon chez vous) ? — 11. De même encore ceux qui se nourrissent de la chair de bêtes fauves venant de l'arène, qui se repaissent de la chair d'un sanglier ou d'un cerf. Ce sanglier, en luttant, s'est souillé du sang de l'homme qu'il a déchiré ; ce cerf est mort couché dans le sang d'un gladiateur. On recherche même les membres des ours qui n'ont pas encore digéré la chair humaine ; c'est un homme qui se gorge de la chair nourrie d'un homme. — 13. Vous qui mangez tout cela, combien peu vous êtes loin des prétendus repas des chrétiens ! Et ceux qui, par une passion monstrueuse, convoitent les membres des hommes, sont-ils moins coupables parce qu'ils les dévorent vivants ? N'est-ce pas par le sang humain qu'ils sont initiés à l'impudicité, parce qu'ils boivent ce qui doit seulement devenir du sang ? Ce ne sont pas des enfants sans doute, ce sont des hommes faits qu'ils mangent !

13. Rougissez donc de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui n'admettons pas même le sang des animaux dans des mets qu'il est permis de |p40 manger, et qui, pour cette raison, nous abstenons de bêtes étouffées ou mortes d'elles-mêmes, pour n'être souillés en aucune manière de sang, même de celui qui est resté enfermé dans les chairs. —14. Aussi, l'un des moyens que vous employez pour mettre les chrétiens à l'épreuve, c'est de leur présenter des boudins gonflés de sang, convaincus que cela leur est défendu et que c'est un moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire que ces hommes qui ont horreur du sang d'un animal (c'est une chose dont vous êtes persuadés) sont avides de sang humain? à moins peut-être que vous n'ayez, par expérience, trouvé vous-mêmes ce sang plus agréable au goût. — 15. Ce sang, il fallait donc l'employer aussi pour éprouver les chrétiens, aussi bien que le foyer du sacrifice, que le coffret à encens. Ils seraient, en effet, convaincus d'être chrétiens tout aussi bien en voulant goûter le sang humain qu'en refusant de sacrifier; il faudrait, au contraire, nier qu'ils soient chrétiens, s'ils ne le goûtaient pas, comme vous le feriez s'ils sacrifiaient. Et, assurément, le sang humain ne vous ferait pas défaut, au moment où vous interrogez les prisonniers et où vous les condamnez. "

."

Ante-Nicene Fathers, Vol. III: http://www.ccel.org/fathers2/ANF-03/TOC.htm

The following is the complete Chapter IX:

"That I may refute more thoroughly these charges, I will show that in part openly, in part secretly, practices prevail among you which have led you perhaps to credit similar things about us.

"Children were openly sacrificed in Africa to Saturn as lately as the proconsulship of Tiberius, who exposed to public gaze the priests suspended on the sacred trees overshadowing their temple -- so many crosses on which the punishment which justice craved overtook their crimes, as the soldiers of our country still can testify who did that very work for that proconsul. And even now that sacred. crime still continues to be done in secret. It is not only Christians, you see, who despise you; for all that you do there is neither any crime thoroughly and abidingly eradicated, nor does any of your gods reform his ways. When Saturn did not spare his own children, he was not likely to spare the children of others; whom indeed the very parents themselves were in the habit of offering, gladly responding to the call which was made on them, and keeping the little ones pleased on the occasion, that they might not die in tears. At the same time, there is a vast difference between homicide and parricide. A more advanced age was sacrificed to Mercury in Gaul. I hand over the Tauric fables to their own theatres. Why, even in that most religious city of the pious descendants of Aeneas, there is a certain Jupiter whom in their games they lave with human blood. It is the blood of a beast-fighter, you say. Is it less, because of that, the blood of a man? Or is it viler blood because it is from the veins of a wicked man? At any rate it is shed in murder. O Jove, thyself a Christian, and in truth only son of thy father in his cruelty! But in regard to child murder, as it does not matter whether it is committed for a sacred object, or merely at one's own self-impulse -- although there is a great difference, as we have said, between parricide and homicide -- I shall turn to the people generally.

"How many, think you, of those crowding around and gaping for Christian blood, -- how many even of your rulers, notable for their justice to you and for their severe measures against us, may I charge in their own consciences with the sin of putting their offspring to death? As to any difference in the kind of murder, it is certainly the more cruel way to kill by drowning, or by exposure to cold and hunger and dogs. A maturer age has always preferred death by the sword. In our case, murder being once for all forbidden, we may not destroy even the foetus in the womb, while as yet the human being derives blood from other parts of the body for its sustenance. To hinder a birth is merely a speedier man-killing; nor does it matter whether you take away a life that is born, or destroy one that is coming to the birth. That is a man which is going to be one; you have the fruit already in its seed. As to meals of blood and such tragic dishes, read -- I am not sure where it is told (it is in Herodotus, I think) -- how blood taken from the arms, and tasted by both parties, has been the treaty bond among some nations. I am not sure what it was that was tasted in the time of Catiline. They say, too, that among some Scythian tribes the dead are eaten by their friends. But I am going far from home. At this day, among ourselves, blood consecrated to Bellona, blood drawn from a punctured thigh and then partaken of, seals initiation into the rites of that goddess. Those, too, who at the gladiator shows, for the cure of epilepsy, quaff with greedy thirst the blood of criminals slain in the arena, as it flows fresh from the wound, and then rush off -- to whom do they belong? those, also, who make meals on the flesh of wild beasts at the place of combat -- who have keen appetites for bear and stag? That bear in the struggle was bedewed with the blood of the man whom it lacerated: that stag rolled itself in the gladiator's gore. The entrails of the very bears, loaded with as yet undigested human viscera, are in great request. And you have men rifting up man-fed flesh? If you partake of food like this, how do your repasts differ from those you accuse us Christians of? And do those, who, with savage lust, seize on human bodies, do less because they devour the living? Have they less the pollution of human blood on them because they only lick up what is to turn into blood? They make meals, it is plain, not so much of infants, as of grown-up men.

"Blush for your vile ways before the Christians, who have not even the blood of animals at their meals of simple and natural food; who abstain from things strangled and that die a natural death, for no other reason than that they may not contract pollution, so much as from blood secreted in the viscera. To clench the matter with a single example, you tempt Christians with sausages of blood, just because you are perfectly aware that the thing by which you thus try to get them to transgress they hold unlawful. And how unreasonable it is to believe that those, of whom you are convinced that they regard with horror the idea of tasting the blood of oxen, are eager after blood of men; unless, mayhap, you have tried it, and found it sweeter to the taste! Nay, in fact, there is here a test you should apply to discover Christians, as well as the fire-pan and the censer. They should be proved by their appetite for human blood, as well as by their refusal to offer sacrifice; just as otherwise they should be affirmed to be free of Christianity by their refusal to taste of blood, as by their sacrificing; and there would be no want of blood of men, amply supplied as that would be in the trial and condemnation of prisoners.

"Then who are more given to the crime of incest than those who have enjoyed the instruction of Jupiter himself? Ctesias tells us that the Persians have illicit intercourse with their mothers. The Macedonians, too, are suspected on this point; for on first hearing the tragedy of Oedipus they made mirth of the incest-doer's grief, exclaiming, h9laune ei0j th\ n mhte/ra. Even now reflect what opportunity there is for mistakes leading to incestuous comminglings -- your promiscuous looseness supplying the materials. You first of all expose your children, that they may be taken up by any compassionate passer-by, to whom they are quite unknown; or you give them away, to be adopted by those who will do better to them the part of parents. Well, some time or other, all memory of the alienated progeny must be lost; and when once a mistake has been made, the transmission of incest thence will still go on -- the race and the crime creeping on together. Then, further, wherever you are -- at home, abroad, over the seas -- your lust is an attendant, whose general indulgence, or even its indulgence in the most limited scale, may easily and unwittingly anywhere beget children so that in this way a progeny scattered about in the commerce of life may have intercourse with those who are their own kin, and have no notion that there is any incest in the case.

"A persevering and stedfast chastity has protected us from anything like this: keeping as we do from adulteries and all post-matrimonial unfaithfulness, we are not exposed to incestuous mishaps. Some of us, making matters still more secure, beat away from them entirely the power of sensual sin, by a virgin continence, still boys in this respect when they are old. If you would but take notice that such sins as I have mentioned prevail among you, that would lead you to see that they have no existence among Christians. The same eyes would tell you of both facts. But the two blindnesses are apt to go together; so that those who do not see what is, think they see what is not. I shall show it to be so in everything. But now let me speak of matters which are more dear."

 

Tiré de http://www.geocities.com/osarsif/tertullian.htm