Article du Skeptical Inquirer de 1999 sur le subliminal
Ce que chaque sceptique devrait savoir sur la persuasion subliminale
Les Techniques subliminales qui peuvent fonctionner, celles qui ne fonctionnent pas
Les recherches courantes effectuées en psychologie
cognitive suggèrent
que les stimulis subliminaux peuvent être perçus et peuvent
influencer les états cognitifs de bas niveau des individus. Des
recherches plus récentes suggèrent que de tels stimulis peuvent
également affecter les processus cognitifs des individus à des niveaux
plus élevés, y compris leurs préférences, leurs jugements, et même
leur comportement.
Les lecteurs du SKEPTICAL INQUIRER sont bien au fait de l'écart entre
la croyance populaire et la science. En dépit d'un manque total de
preuves scientifiques, par exemple, beaucoup d'individus croient en
l'astrologie (Carlson 1985; Doyen 1987), l'homéopathie (Barrett
1,987), les enlèvements par des extra-terrestres (Carlsburg 1995;
Randles 1993; Turner 1994). Ce genre de sujet est un lieu commun pour
le sceptique: Il ne peut y avoir de réconciliation entre de telles
croyances et la science.
Dans d'autres cas, bien que l'on puisse trouver un certain appui
scientifique au sujet, il semble y avoir plus de croyance en la
matière que de science. La graphologie, par exemple, qui utilise des
échantillons de l'écriture des individus pour déterminer leur
personnalité, se targue de bien plus de succès qu'elle ne peut en
fournir d'une manière empirique (Nevo 1986; Scanlon et Mauro 1992). On
pourrait dire la même chose en ce qui concerne la perception ESP, pour
laquelle certaines expériences semblent concluantes (Berne et Honorton
1994; mais voir le Hyman 1994). C'est dans ce genre de domaine que le
rôle du sceptique est plus subtil, mais toujours important. Il doit
déterminer ce que les faits scientifiques disponibles valident ou ne
valident pas. Dans cet article, nous nous sommes fixer comme objectif
d'explorer les résultats de la recherche en psychologie en ce qui
concerne la persuasion subliminale, un secteur dans lequel la croyance
populaire peut encore aller au delà de la réalité.
La persuasion subliminale se comprend comme l'utilisation de stimulis
subliminaux, ou de messages présentés sous le niveau de conscience
des individus, afin d'influencer leurs attitudes, leurs choix, ou
leurs actions. Il n'est pas étonnant que l'affirmation comme quoi des
vendeurs sans scrupules aient utilisés cette technique pour influencer
le comportement des consommateurs ait historiquement ait sonné
l'alerte (cousins 1957; Clef 1980). Cependant comme beaucoup l'ont
déjà écrit, une telle panique est probablement infondée: Il n'y a
simplement aucune preuve que de tels messages subliminaux cachés dans
une publicité puissent influencer au point de choisir entre du Coke ou
Pepsi-cola, adopter un point de vue particulier, ou voter pour le
candidat Y plutôt que pour le candidat X (Moore 1988; Pratkanis et
Greenwald 1988; Trappey 1996; Vokey et 1985).
Nous allons expliqués pourquoi la notion de persuasion subliminale ne
peut pas être aussi critiquée que certains ont pu le supposé. Notre
point de départ, en particulier, est l'article de Anthony Pratkanis
paru dans un SKEPTICAL INQUIRER de 1992 (voir également Moore 1992).Dans son article, Pratkanis a tracé les racines historiques de la
croyance sur les pouvoirs de l'inconscient, en dévoilant le canular
célèbre de James Vicary "Mangez du Popcorn/Buvez du coke", et en
décrivant les résultats d'une partie de ses propres recherches sur
l'inefficacité des bandes sonores subliminales.
Nous croyons que l'article de Pratkanis, et d'autres semblables au
sien, peuvent avoir donné aux lecteurs une image incomplète de la
situation actuelle concernant les stimulis subliminaux. En
conséquence, nous allons essayer d'informer les lecteurs du SKEPTICAL
INQUIRER sur les utilisations diverses des stimulus subliminaux en
recherche cognitive et sociale. Spécifiquement, nous allons passer en
revue les expériences prouvant que la connaissance d'une chose puisse
se produire sans perception conscience, et que cette connaissance sans
perception peut être déclenchée par des stimulis subliminaux,
influençant de ce fait les jugements, les attitudes, et même les
comportements des individus. En effet, cette découverte récente
suggérant que les stimulus subliminaux puissent influencer le
comportement nous donne un moyen de juger la possible efficacité de la
persuasion subliminale dans la publicité.
Clarifions les Ambiguïtés
La signification exacte du "subliminal" a été une source de polémique
et de confusion pendant des décennies. Une définition commune,
cependant, est qu'un stimulus est subliminal (c'est-à-dire, au-dessous
du seuil de perception) s'il ne peut pas être verbalement identifié
(par exemple, Cheesman et Merikle 1986; Fowler 1986, Greenwald et
Draine 1997). Le seuil utilisé dans cette définition est celui de la
perception consciente, parfois appelé le seuil de subjectivité
(Cheesman et Merikle 1986). Cette définition, naturellement, tient
compte de la possibilité qu'un individu puisse percevoir qu'on lui a
présenté quelque chose, mais sans savoir la nature exacte de ce
quelque chose. Presque toutes les études que nous avons passer en
revue utilisent cette définition, alors que les autres adhèrent à une
définition plus conservatrice: les individus ne peuvent pas se faireécho de la présence du stimulis.
En outre, il y a une distinction sérieuse à faire entre la perception
subliminale et la persuasion subliminale. La perception subliminale se
réfère simplement à la perception des stimulus qui sont au-dessous du
seuil de la conscience.(1) La persuasion subliminale, d'autre part,
exige que le stimulus subliminaux provoquent un certain effet, pas
simplement sur les jugements de l'individu, mais sur ses attitudes ou
son comportement. Comme d'autres l'ont soulignés, la perception
subliminale n'implique pas forcément la persuasion subliminale (par
exemple, Moore 1988).
Dans cet article, nous limiterons notre discussion aux méthodes
utilisant des stimulus subliminaux qui sont bien validées par les
recherches. Ainsi, les bandes audio avec des suggestions subliminales
"perdez du poids" ou "soyez autoritaire" ne sont pas considérés, ni
les messages cachés dans de la musique enregistrée, ou les exemples
des messages inclus dans des images (telles que le mot "sexe"
incrustés sur des cubes en glace ou des biscuits Ritz). LA RECHERCHE
A PROUVE DE FACON CONVAINCANTE QU'AUCUNE DE CES METHODES N'EST
EFFICACE - souligné par le traducteur (Greenwald, Spangenberg,
Pratkanis, et Eskenazi 1991; Moore 1982, 1988; Pratkanis 1992;
Pratkanis et Greenwald 1988; Thorne et Himelstein 1984; Vokey et
1985). Nous nous concentrerons sur les techniques subliminales, par
lesquelles des stimulus soint présentés très rapidement, et sont
suivis immédiatement d'un "masque," comme une forme géométrique ou des
séries de lettres aléatoires. Ce masque est là pour perturber le
traitement conscient des stimulus par l'individu - un peu comme en
immergeant des pâtes dans de l'eau froide stoppe leur cuisson.(2)
Les processus inconscients: Hors de la vue, mais pas hors de l'esprit
Demandez aux personnes de citer un psychologue et avec peu de
variation dans leurs réponses, la plupart citeront Sigmund Freud.
Beaucoup de gens pourraient être étonnées d'apprendre, que la
psychologie contemporaine n'a que de peu de ressemblance, tant dans la
substance que dans la méthodologie, avec le travail de Freud
(Stanovich 1992). Ceci étant dit, au moins une idée souvent attribué à
Freud – l'inconscient- a fait un retour dans la psychologie cognitive
et sociale contemporaine (Bornstein et Pittman 1992; Cohen et schooler
1997; Erdelyi 1996; Greenwald 1992; Kihlstrom 1987; Uleman et Bargh
1989). Les psychologues modernes ne souscrivent pas à toutes les
notions de Freud en ce qui concerne l'inconscient; au contraire la
notion se rapporte uniquement aux processus mentaux qui se produisent
sans la surveillance de la conscience. C'est de cette façon qu'il
faudra interpréter l'inconscient dans beaucoup de théories
psychologiques contemporaines (Greenwald et Banaji 1995; Wegner 1994).Par exemple, de nombreuses études ont prouvé que des souvenirs qui ne
peuvent pas être remémorés consciemment peuvent néanmoins exercer une
influence sur une variété de processus mentaux (Schacter 1987).
D'autres ont noté que des stéréotypes peuvent être aisément appliqués
sans aucun appel à la conscience (Gilbert et Hixon 1991; Spencer,
Fein, Wolfe, Fong, et Dunn 1998). En effet, les stéréotypes semblent
être le plus aisément utilisés dans les moments où nos capacités
conscientes sont les plus limitées (Bodenhausen 1990; Bodenhausen et Lichtenstein 1987; Macrae, Milne, et Bodenhausen 1994).
En outre, les causes déterminant notre comportement - pourquoi nous
faisons ce que nous faisons- peuvent également être hors de portée de
la conscience. Les gens sont souvent incapables à expliquer les
véritables causes de leurs actions et à reconnaître l'importance des
stimulus dans celles-ci (Nisbett et Wilson 1977). Dans une expérience,
des participants ont eu pour tâche de compléter des phrases contenant
un certain nombre de mots liés aux personnes âgées (par exemple,
vieux, sage, retraité). Plus tard, une fois l'expérience achevée, ces
individus marchaient plus lentement que les participants d'un autre
groupe, comme si ils avaient internalisé le concept de "personnes
âgées." Aucun d'eux n'a pu identifié le ralentissement de leur vitesse
de marche ou la fréquence élevée des mots liés aux personnes âgées
dans leur tâche. Le résultat, en ont conclu les chercheurs, était un
effet direct d'un processus inconscient sur le comportement (Bargh,
Chen, et creuse 1996).(3)
Ainsi, il y a assez de preuves pour démontrer que beaucoup de ce qui
se passe dans notre esprit est inaccessible à notre conscience. Il
faut noter, cependant, que l'expérience sur les "mots liés aux
personnes âgées", ainsi que les recherches sur les stéréotypes, ont
utilisés des stimulus qui étaient, ou pourrait avoir été, consciemment
perçu. Puisque le souci principal de cet article est l'influence des
stimulus subliminaux, nous nous tournerons donc vers le problème de
savoir si des stimulus présentés subliminalement peuvent être perçus,
bien que restant indisponibles à la conscience.
Nous croyons que les recherches effectuées laissent peu de doute à ce
sujet et que la réponse est oui. Beaucoup de chercheurs ont rapporté,
par exemple, que des mots présentés subliminalement peuvent influencer
nos jugements. Dixon (1981, voir également Epley 1998) a constaté que
les participants a qui ont a envoyé subliminalement un mot (par
exemple, le mot 'crayon') étaient plus rapides que ceux qui n'avait
pas été exposé à ce mot pour identifier plus tard un mot ayant une
relation avec celui-ci (par exemple, écrire). De même, Marcel (1983) a
constaté que l'identification d'une couleur sur un écran d'ordinateur
par des participants a été facilitée quand elle a été précédée
subliminalement par le nom de la couleur, mais était retardé quand
elle était précédé par le nom d'une couleur différente. Bien que ces
études ont été critiquées pour des raisons méthodologiques (Holender
1986; Merikle 1982), des effets semblables ont été constatées dans des
expériences utilisant des méthodologies tenant compte de ces critiques
(Greenwald Draine, et Abrams 1996; Greenwald et Draine 1997; Merikle
et Joordens 1997).
En tout, une douzaines d'études certifient maintenant le fait que des
stimulus subliminaux peuvent être perçus (voir Bornstein et le Pittman
1992; Greenwald 1992). Mais peuvent-ils persuader?
Des Fantômes dans la machine: Influences subliminales sur la cognition
Pour beaucoup, la tour Eiffel est un symbole de Paris. Mais ce n'a
pas toujours été vrai. Quand sa structure a été construite en 1889,
elle était critiquée par beaucoup - un certain nombres de Parisiens
ont même souhaités sa destruction (Harrison 1977). De même, les
réactions populaires aux nouveaux mouvements artistiques qui depuis
sont appréciés, de la peinture impressionniste en passant par la
musique rock, étaient au commencement négatives (Sabini 1995).
Comment ces changements de disposition peuvent-ils être compris?
Robert Zajonc (1968) a proposé une réponse, qui propose que
« l'exposition seule » mène à aimer: Plus on voit quelque chose, plus
on vient à l'aimer. Ainsi, plus les personnes ont été en contact à la
tour d'Eiffel, aux peintures de Monet et de Renoir, à la musique
d'Elvis et des Beatles, plus ils les ont appréciés.
Les expériences ont démontré que l'effet de « l'exposition seule » est
fiable, et, en outre, que le phénomène ne dépend pas de la conscience
de cette exposition. Dans une étude où a été utilise des stimulus
subliminaux, des participants ont été exposés à plusieurs polygones
irréguliers pendant une milliseconde, cinq fois de chaque. Dans une
phase suivante de l'étude, on leur a fournit des paires de figures,
une qui leu avait été flashée précédemment et une qu'ils n'avaient
jamais vue. Les participants ont été alors invités à émettre deux
jugements: D'abord quelle figure ils avaient vu, et celle qu'ils
aimaient le mieux. Bien que les participants n'aient pas pu déterminer
quelle figure ils avaient vue (les résultats ne se sont pas écartées
d'un taux de 50 pour cent), les participants ont montré un intérêt
accru pour les formes familières, les préférant à 60 pour cent
(Kunst-Wilson et Zajonc 1980; voir également l'Epley 1998b; Seamon,
marais, et Brody 1984).
D'autres expériences ont généralisé ce résultat. Dans une étude, des
participants ont été subliminalement exposés à une photographie d'un
des deux garçons choisis comme sujets de la recherche. Plus tard,
quand les participants se sont engagés dans une tâche avec les deux
garçons impliquant des désaccords entre ces deux-là, ils ont été plus
souvent d'accord avec celui dont l'image leur avait été projeté, et ont également rapporté
préférer cet individu davantage à l'autre
garçon (Bornstein et autres 1987). La seule exposition mène évidemment
à aimer, même lorsque cette exposition est sous le niveau de la
conscience.(4)
Dans d'autres recherches, les expérimentateurs ont prouvé que
l'exposition subliminale à des mots liés à divers traits de
personnalité peuvent influencer la manière dont les gens jugent les
autres autour d'eux. En particulier, l'exposition aux mots liés à
l'hostilité (Bargh et Pietromonaco 1982), à la bonté, et à la timidité
(Bargh, lien, Lombardi, et Tota 1986) s'est avérée produire des
jugements correspondants à ces personnalités (c.-à-d., à évaluer
d'autres personnes comme étant hostiles, aimable, ou timides).
D'autres investigations ont démontré que l'exposition subliminale aux
photographies plaisantes ou désagréables peuvent également affecter la
manière dont les individus cible sont jugés (Krosnick, Betz, Jussim,
et Lynn 1992).
Les stimulus présentés subliminalement peuvent également affecter les
jugements des individus sur eux-mêmes. Des étudiants 'n psychologie ont
été invités à noter trois de leurs idées de projets de recherche
possibles. Ils ont été alors exposés à une photographie d'un étudiant
familier de leur laboratoire ou un visage de leur conseiller
enseignant. Ignorant ce qu'ils avaient vu en dehors des flashes de
lumière, les étudiants ont été alors invités à évaluer la qualité des
idées qu'ils avaient énumérées. Comme prévu, ceux qui avaient été
exposés au visage de leur conseiller enseignant ont évalué leurs
propres idées moins favorablement que ceux qui avaient été exposées au
sourire d'un étudiant (Baldwin, Carrel, et Lopez 1991).
Une expérience a produit un résultat semblable. Des étudiantes
catholiques préparant une licence se sont évaluées plus négativement
sur une série d'adjectif concernant leur caractère (par exemple,
honête/malhonnête, moral/immoral) après une exposition subliminale à
une image du pape, mais pas après une exposition à la photographie du
conseiller utilisée dans la première étude. D'ailleurs, cela valait
seulement pour les participants qui ont indiqué qu'elles pratiquaient
leur religion régulièrement (Baldwin et autres 1991). Ceci suggère que
l'effet des stimulus subliminaux sont être tout à fait complexe,
dirigé ici en fonction de la réponse personnelle aux stimulus.
Ces études servent à démontrer que les stimulus subliminaux peuvent
influencer des processus cognitifs de niveau élevé, y compris des
préférences pour des formes géométriques, des individus, des
jugements de personnalité, ou sur sa propre personne. Naturellement,
pour être utile dans un contexte de consommation, ces effets doivent
aller plus loin. En plus de changer les attitudes d'un consommateur,
un vendeur désire affecter son comportement. (il ne suffit pas d'aimer
Pepsi-cola, on doit aussi en acheter!) Et comme le savent les
étudiants en psychologie sociale, l'un ne suit pas nécessairement
l'autre: Il y a souvent moins de correspondance entre les attitudes
des individus et leur comportements que l'on pourrait le penser
(LaPiere 1934; Regan et Fazio 1977; Osier 1969). Par conséquent, nous
devons présenter des exemples dans lesquels un stimulus subliminal a
influencé le comportement d'individus. Une telle influence a été
documentée tout récemment, et seulement une poignée d'expériences
existent à l'heure actuelle. Néanmoins, nous trouvons ces expériences
intéressantes. Une pleine compréhension sur la possibilité (ou
l'impossibilité) de la publicité subliminale justifie leur considération.
Influences subliminales sur le comportement
Les stimulus subliminalement présentés peuvent-ils influencer le
comportement? Des investigations récentes suggèrent que la réponse
pourrait être oui. Par exemple, Neuberg (1988) a avancé que des
stimulus subliminalement présentés peuvent influencer indirectement
le comportement, en activant des concepts qui peuvent influencer la
manière dont les individus interprètent le comportement de d'autres.
Ces interprétations, alors, peuvent mener des individus à opter pour
certaines réponses comportementales. Par exemple, si le concept de
l'hostilité est activé subliminalement, ce qui fait que les individus
croient « lire » de l'hostilité dans le comportement des 'autres, ces
individus peuvent alors choisir d'adopter une ligne de conduite
hostile envers les autres. Bien que cet effet indirect soit loin du
comportement censé être créé par "la publicité subliminale," il
représente néanmoins un exemple de stimulus subliminalement présentés
affectant le comportement.
Pour évaluer cette hypothèse, Neuberg a confronté des participants
avec le "dilemme du prisonnier," un exercice dans lequel les individus
doivent choisir de coopérer ou de concurrencer les autres
participants (Luce et Raiffa 1957). Dans un premier temps, les
participants ont rempli un questionnaires conçus pour évaluer leur
inclination à la coopération ou à la concurrence, et ont été exposés
subliminalement à des mots neutres (par exemple, la maison, l'eau,
le bruit) ou à des mots en rapport avec la concurrence (par exemple,
hostile, adversaire). Bien que les messages n'aient pas réussi à
influencé le comportement de ceux orienter vers la coopération, les
participants prédisposés à la concurrence l'ont fait à un plus grand
degré quand ils ont été exposés aux mots relatifs à la concurrence que
quand ils ont été exposés aux mots neutres (Neuberg 1988).
Plus récemment, Bargh et collègues ont fourni la preuve bien plus
parlante que les stimulus subliminaux peuvent influencer le
comportement (Bargh et autres 1996; Bargh 1997). Contrairement à la
notion de Neuberg d'une influence indirecte sur le comportement, Bargh
suggère que les stimulus subliminalement présentés peuvent influencer
directement le comportement, que cette influence n'est pas
court-circuitée par la conscience et que les résultats fonctionnent à
peu près comme un réflexe. Comment cette hypothèse pourrait-elle être
mise à l'essai? La recherche précédente a établi qu'exposer des
participants blancs aux mots avec stéréotypie liés aux Américains
africains tend à activer automatiquement le concept d'hostilité
(Devine 1989). Pour découvrir si une telle exposition pourrait
également induire un comportement hostile, Bargh et ses collègues
(1996) ont demandé à des participants d'accomplir une tâche pénible
sur un ordinateur. Sans que les participants ne le sache, l'ordinateur
a non seulement administré la tâche mais les a également exposés
subliminalement aux photographies de visages de noir ou de blanc.
Puis, après plusieurs épreuves, l'ordinateur leur a présentée un
message d'erreur - "erreur F 11: données en échec "- et les a informé
qu'ils devaient recommencer la tâche.
Les réactions des participants à ces évènements ont été enregistrées
en vidéo en utilisant un appareil photo caché et ont été évaluées par
les juges (qui étaient ignorants de l'expérience sur les
participants) pour déterminer la profondeur de la colère de ceux-ci.
Les résultats ont indiqué que ceux exposés aux visages noirs ont en
effet répondu d'une façon plus hostile et plus frustrée que ceux
exposés aux visages blancs.
Dans une prolongation de ce travail, Chen et Bargh (1997) ont exposé
des participants aux photographies de visages noirs ou blancs et leur
ont demandés de jouer un jeu avec un autre participant qui n'avait vu
aucune photographie. En comparant avec les estimations fournies avec
le second groupe, ceux du premier groupe ont indiqué de nouveau une
plus grande hostilité quand on leur avait présenté des visages noirs
plutôt que des visages blancs. En effet, ces participants ont répondu
à l'hostilité des participants au jeu par leur propre hostilité,
permettant aux observateurs extérieurs de les juger comme plus
hostiles quand ces participants avaient été exposé aux visages noirs,
plutôt qu'aux blancs.
En conclusion, ces preuves directes des influences subliminales sur le
comportement permet également aux neuropsychiatres d'en tirer profit
en ce qui concerne les avancés récentes en matière d'imagerie du
cerveau. Par exemple, après que des participants aient appris à
répondre à un nombre impair avec leur main droite et à un chiffre pair
avec leur gauche, la présentation subliminale d'un nombre (impair)
produit l'activation corticale dans l'hémisphère correspondant du
cerveau (gauche ou droit). Cette activation est située dans le cortex
, le secteur du cerveau chargé de contrôler les mouvements (Dehaene et
autres 1998).
Ces expériences soulèvent plus de questions que de réponses. Quels
sont exactement les mécanismes qui permettent les stimulus
subliminales d'influencer le comportement ? Est-ce que le processus
est indirect, selon Neuberg (1988), ou direct et incontrôlé, selon
Bargh et ses collègues (1996) ou les deux à la fois ? En outre
l'importance et la généralisation de ces effets n'ont pas encore été
étudiés. Des affirmations extraordinaires exigent des preuves
extraordinaires, et les preuves que nous avons passée en revue dans
cette section ne sont pas encore à ce niveau. Le sujet reste ouvert,
et nous attendons ardemment les résultats de futures investigations.
Que Diriez-vous de La Publicité Subliminale?
Pour certains, la base de recherche sur la persuasion subliminale est,
bien définie – savoir si les effets des stimulus subliminaux peuvent
être utilisés dans le domaine commercial. Bien que nous hésitions à
conclure, nous notons que plusieurs des critiques concernant la
publicité subliminale ont été levés par la recherche scientifique. En
particulier, des stimulus subliminaux peuvent influencer des processus
cognitifs de haut niveau, et, dans certains cas, peuvent même
influencer le comportement. Néanmoins, beaucoup restent sceptiques
(Moore 1982, 1988, 1992; Pratkanis 1992; Pratkanis et Greenwald 1988),
et il est facile de le comprendre. Dans chacune de ces études que nous
avons passé en revue, il a été apporté une attention particulière à ce
que les conditions aient été parfaites: Les participants étaient assis
à des distances précises de l'écran vidéo ou de l'ordinateur, leur
attention étaient tournée dans la bonne direction, juste au bon
moment, et ils étaient protégés au maximum de stimulus étrangers. Il
est difficile d'obtenir de telles conditions dans la vraie vie. En
outre, l'influence de faibles stimulus subliminaux est susceptible
d'être contrecarrer par de forts stimulus accaparent déjà notre
attention (Moore 1982).
Les phénomènes que nous avons passés en revue peuvent être vue comme
des produits cultivés en serre, des expériences de laboratoire, des
fleurs sensibles qui se faneraient facilement dans l'environnement
difficile du commerce. Même si c'étaient le cas, cependant, nous nous
empressons de préciser qu'il ne défierait pas la validité de base des
études que nous avons présentées dans cet article (Mook 1983). Cela
relève plutôt du défi d'appliquer ce qui a été prouvé en laboratoire
au comportement du consommateur. D'ailleurs, en dépit d'un manque de
preuves en ce qui concerne l'application des messages subliminaux à la
publicité, nous suggérons qu'il n'y a aucune raison à ce que de
telles applications ne soient pas possibles.
Nous n'offrons donc aucune conclusion concernant la plausibilité ou
l'efficacité de la publicité subliminale; nous proposons seulement
qu'elle pourrait, en fait, être possible, et nous mettons au courant
nos lecteurs des recherche empiriques effectuées. Affirmer qu'il est
impossible pour des stimulus subliminaux d'influencer le comportement
– et même le comportement du consommateur - serait, donc prématuré.
Remerciements
Nous remercions Steven Fein, Thomas Gilovich, Justin Kruger, Dennis
Regan, et Leaf Van Boven de leurs commentaires utiles lors de la
rédaction de cet article.