Mon voyage de deux semaines comme consultant au Béthel
Ce fût le début de la fin pour moi, et à la fin de ce voyage je prenais la plus grande décision de ma vie, je n'ai qu'un gros regret dans toute cette histoire. Ma mère.
La plus grande portion de cette histoire raconte la semaine et demi que j'ai passé au Béthel, mais après tout cela a affecté toute ma vie.
Dave
[parts 1-4]
A la fin de l'année 1983 j'étais en possession d'une entreprise que j'avais lancé deux années plus tôt afin de concevoir et construire du matériel d'art. J'ai inventé plusieurs produits pour l'industrie du commerce de matériel d'art et j'ai passé beaucoup de temps à écrire des articles dans des magazines relatifs à l'art ainsi que faire des discours à des présentations commerciales ou dans les universités sur le sujet de l'illustration commerciale.
Un jour, j'ai eu un appel d'un commercial de la Société Watchtower pour un nouveau pinceau que ma compagnie avait lancé sur le marché de l'art. Au commencement de notre entretien, j'ai dit au commercial que j'étais témoin de Jéhovah. Il en fût très content, particulièrement quand je lui dit que je pouvais donner gratuitement des peintures à la Société Watchtower.
Quelques jours plus tard, je recevais un nouvel appel de sa part et il me disait que j'avais été le sujet de plusieurs conversations au Béthel et il me demandait si je voulais bien venir fournir de l'aide en tant que consultant. Il devait bien sûr en parler au collège des anciens de ma congrégation pour voir si j'étais un bon témoin de Jéhovah. La moité des anciens de ma congrégation finirent par venir chez moi le jeudi et le samedi soir car je fournissais un rapport de prédication bien timide. Bien que je voyageais la moitié de la semaine pour mon travail, les anciens me demandait de m'intéresser au service d'assistant ministériel. Une partie de moi le voulait bien, l'autre ne voulait absolument pas se lancer là-dedans..
Plusieurs semaines plus tard, j'étais parti pour New York. J'étais allé plusieurs fois à New York pour mon travail mais je n'étais jamais allé voir le spectacle du Bethel. Avant de partir, j'avais téléphoné à ma mère et je l'avais mise au courant de la requête de la Société. Elle était si heureuse, elle était en pleurs. Cela avait été toujours son rêve de me voir dans le département du graphisme au Béthel. Elle savait que je n'allais jamais accomplir son rêve, puisque dès tout gamin, je haïssais l'idée d'aller de porte en porte. Les années passant, j'avais été un constant désappointement pour ma mère, elle ne savait sans doute pas que son rêve pour moi d'aller travailler au Béthel, allait être la raison de mon départ de cette religion.
A mes yeux, je voyais ce voyage comme un moyen de devenir une personne spirituelle et que cela allait me fournir une réévaluation miraculeuse à tel point que j'allais enfin mettre Dieu et la religion TJ à la première place dans ma vie. J'avais toujours été un témoin de Jéhovah du fond de la classe, et pour moi, c'était exactement ce dont j'avais besoin, c'était comme aller dans l'endroit le plus sûr du monde, si Har-maguédon arrivait à ce moment là. C'était la mecque des Témoins de Jéhovah.
Alors que je descendais de l'avion à l'aéroport Kennedy, je marchais jusqu'à la zone d'attente et à cet endroit le frère que j'avais eu au téléphone la première fois, m'attendait. Nous étions devenu ami après plusieurs conversations et il avait voulu m'accueillir personnellement à l'aéroport. Je le reconnaissais facilement car il portait une copie de la Tour de Garde de telle manière que je puisse l'identifier. Je dois l'admettre, il me fit me sentir tout petit alors que je m'avançais vers lui, car il tenait le magazine sur son manteau, et l'agitait à chaque fois que quelqu'un passait devant lui. Je ne critique pas ce gars, mais c'était très embarrassant.
Après que nous ayons récupérer mes bagages, je fût choqué par la première des nombreuses petites règles qui allaient doucement mais sûrement faire disparaître mes sentiments espérés de joie et d'amour fraternel, et qui allaient m'ouvrir les yeux sur la réalité du Béthel. Alors que nous marchions, il me regarda dans les yeux et me dit: "Dave, j'espère que tu ne vas pas le prendre mal mais tu ne pourra pas porter des bottes ou un jean quand tu travailleras dans l'immeuble de l'administration." Je n'ai jamais voyagé en costume dans un avion et je lui dis que j'avais donc un costume ou deux dans mes bagages et que cela ne me posait pas de problèmes. En vérité, cela m'ennuyait un peu, je détestais porter des costumes. J'en portais chaque mardi, jeudi, samedi et dimanche de ma vie. Dans le travail, je n'en portais seulement quand cela était absolument nécessaire. J'ai toujours été un gars en jean et en bottes de cow-boy ou en jean et Nike.
Un noeud commençait à se former dans ma gorge. Alors qu'il me conduisait au Béthel, mon nouvel ami et mon consultant de mode commença à m'expliquer comment les choses allaient se passer. J'allais être hébergé dans l'immeuble pour VIP de la Société et j'aurais ma propre chambre avec ma propre baignoire. Je le regardais comme si je disais « c'est très bien » et il continua par me dire combien cela était spécial pour eux de faire cela pour moi. Il m'expliqua aussi qu'il allait frapper à ma porte d'une manière claire, tôt le matin pour me conduire au petit déjeuner avec lui et sa femme. Après cela, je recevrais une escorte personnelle et je serais emmené dans l'immeuble de l'administration pour rencontrer Dean Songer et les chefs des différents départements avec qui j'allais travailler.
Je fût conduit à ma chambre et mon nouvel ami la visita comme s'il s'agissait d'une suite au Plaza. Il ouvrit les rideaux et me montra la vue sur le port et sur la Statue de la Liberté. Je n'étais pas vraiment impressionné, je l'avais déjà vu. Il inspecta la chambre et jeta un oeil à la salle de bains, il était très impressionné. Plus tard, j'allais réalisé pourquoi cet homme trouvai cette petite chambre si spéciale. La première chose que j'avais noté, c'était le robinet dans l'évier. Il avait été nettoyé tant de fois, que les chromes étaient usés jusqu'à n'être que du laiton très fin. Même si cette chambre était petite et aussi sombre et triste à mon goût, elle était bien assez propre.
Le matin arriva vite. En raison de la différence d'heures entre la côte ouest et l'est, et en raison de mon vol tardif, je n'eus que quelques heures de sommeil. Je me réveillais, pris une douche, et m'habillait avec mon costume le moins cher. Je pensais que mon costume Armani allait peut-être être un peu exagéré. Comme il me l'avait dit, mon ami frappa à ma porte alors que je glissais sur mes chaussures italiennes. J'ai grandi en portant les habits de mes plus vieux frères qui les tenaient d'autres frères de la Salle du Royaume qui étaient des victimes de la mode. Ainsi, quand j'ai commencé à gagner de l'argent, j'ai tout de suite porté de jolis habits. Contrairement à beaucoup de garçons, je possède actuellement plus de vingt paires de chaussures. Cela ne voulait pas dire grand chose à ce moment, mais les chaussures vont devenir un sujet intéressant dans le reste de l'histoire. Les habits que je portais me faisait me sentir déplacé, mais ce n'était que le début de ce genre de sensations au Béthel.
Nous descendîmes un certains nombres d'étages et finirent dans plusieurs tunnels sous terre. Des centaines de personnes se baladaient dans ce qui ressemblait à un labyrinthe de tunnel sous les rues. Durant une seconde, une vision tirée du film 1984 flasha dans mon esprit alors que j'observais ces centaines de personnes courir à travers ces tunnels comme si elles avaient été préprogrammées pour aller d'un point A vers un point B comme des robots sans vie et sans émotion. Je commençais à avoir un petit peu peur.
Après avoir traverser plusieurs tunnels, nous arrivions dans une immense salle à manger. C'était des pièces après des pièces et de longues tables après de longues tables. Des rangées et des rangées. Alors que nous rencontrions sa femme, nous nous installions à une table près du milieu de la pièce et proche d'un mur. Alors que j'observais autour dans la pièce, je voyais plusieurs TV posées sur des tablettes qui sortaient des murs ou du plafond. Nous nous assîmes et une minute ou deux après un visage de vieil homme fît son apparition sur les écrans TV, nous nous levâmes alors que l'homme dans la télé commença à dire la prière du petit déjeuner du matin. Encore une fois, l'image du film 1984 flasha mon esprit.
La longue lecture/prière se termina et le son de plusieurs centaines de personnes s'asseyant fût assourdissant. Quelques minutes après, un autre gars apparut sur l'écran de TV et commença à lire le texte du jour. Je ne pouvais manger. La seule chose que je pouvais faire, c'était de regarder autour de moi et de penser en moi-même, "Qu'est-ce que je fous ici? Est-ce que la vie dans le nouveau système ressemblera à cela? Est-ce vraiment la Mecque du royaume TJ? Je n'avais pas commencer à travailler sur ce que l'on m'avait demandé de faire ici et je suffoquais déjà.
Les allées et venues robotisées des gens commençait à me rappeler l'armée. Tout était fait à temps et exactement de la manière dans les généraux l'avait ordonné. La seule qui semblait un petit peu déplacé vient du fait qu'après le petit déjeuner plusieurs personnes récupéraient les restes dans des sacs plastiques pour l'emporter dans leur chambre. Je pouvais comprendre ce geste, il semblait que nous ayons seulement 5 minutes pour manger. La boule dans ma gorge continuait à grossir.
On m'emmenait rencontrer le frère qui allait me servir d'escorte durant mon séjour au Béthel. Vous avez entendu parler de Men in Black! Le gars avait vraiment le profil de l'emploi. Alors que nous nous dirigions vers l'immeuble de l'administration, mon escorte me déclara que nous devions nous arrêter pour récupérer quelqu'un. Je rencontrais mon co-passager en face d'un autre immeuble. C'était un petit vieillard dans un costume en guenilles et des chaussures marrons éraflées. Il parlais à ses pieds alors que nous arrivions à sa hauteur. Je lui fût présenté alors qu'il regardait encore le sol et qu'il se parlait à lui-même. Ce petit et vieil homme, c'était Fred Franz. Il me serra la main mais ne me regarda pas en face. Il se retourna et marcha devant comme le lapin dans Alice au pays des merveilles. Je le regardais marcher dans une allure très rapide et je pensais en moi-même, " je suis en retard, je suis en retard, pour un important rendez-vous."
Alors que nous nous dirigions vers l'immeuble de l'administration, il regardait constamment le sol tout en se parlant à lui-même, je ne pouvais quitter des yeux ses chaussures. Elles avaient l'air d'être passer dans un mixeur. Je pensais en moi-même, ce n'est pas une religion pauvre. Leur propriété au centre du port de New-York doit valoir plus de 10 millions de dollars. Pourquoi ne peuvent-ils pas fournir une paire de chaussure décente à ce vieil homme? La seule chose qui me semblait probable, c'est qu'il avait une longue et proche relation personnelle avec ses chaussures car il n'arrêtait pas de les regarder et de leur parler alors que nous marchions. Pour seulement une demi-seconde, je me demandais si Jéhovah n'était pas un Dieu qui voit tout, mais plutôt une vieille paire usée de chaussures marrons.
C'était peut-être dans cette paire de chaussure que Fred puisait son inspiration pour diriger une religion et écrire ses prophéties qui n'arrivaient jamais. Je veux dire par là que si un serpent parlant a pu convaincre un couple d'humain tout nu de commettre le péché culinaire ultime qui a maudit la planète entière, pourquoi pas aussi une vieille paire de chaussures parlantes ?
Je devais me convaincre qu'il n'y avait rien de surnaturel dans tout cela. Je n'avais juste pas assez l'esprit tourné vers le spirituel pour regarder les choses d'une manière plus positive. Un petit déjeuner rapide, une expédition à travers des tunnels à la George Orwell et pour finir une marche avec homme vieux et sénile qui a pour fétiche une paire râpée de vieilles chaussures marrons. Le côté mauvais de la chose dans tout çà, c'est que cela allait de plus en plus mal, et que pas mal de choses qui allaient se passer allaient m'ouvrir encore un peu plus les yeux.. Cela allait m'aider à réaliser que je n'étais pas fou, ni que je manquais de foi alors que ma tête s'affolait. C'était petit à petit que la vérité cachée sur « la vérité » allait m'apparaître et qui finalement allait me faire agir.
Alors que nous entrions dans l'immeuble de l'administration, nous ne nous dirigions pas vers l'ascenseur afin de monter les 8 étages jusqu'à l'étage principal. Fred [Franz] se dirigea vers un escalier. Je me retournais vers mon escorte et le regardais, il haussa les épaules et me dit: « Fred aime prendre les escaliers pour faire de l'exercice.» J'étais fatigué du manque de sommeil, et j'avais faim du manque de nourriture. La dernière chose que je voulais faire c'était de regarder Fred Franz avoir une longue conversation avec ses chaussures alors que nous grimpions 8 étages d'escalier. Alors que je manquais d'air, quand nous atteignîmes le dernier étage, je pensais, que le vieu type pouvait peut-être stupide mais en tout cas il était un bon grimpeur.
J'étais ensuite emmené au bureau de Dean Songer et je fus accueilli par de jolis sourires et plusieurs poignées de main. On m'expliqua que d'abord je devais animer un atelier pour les gens du département de l'illustration sur les illustrations avec aérographe. Après je devais apporter mon aide sur plusieurs couvertures de Réveillez-vous, faire une séance photo avec le département photographie. Enfin, je devais fournir les informations que j'avais pour aider le département du graphisme à faire un meilleur travail de miniaturisation afin que les livres qu'ils imprimaient en tout petit pour les pays communistes puissent être lisibles.
Cela était assez facile pensais-je, ce n'était pas une opération du cerveau, je ne sais pas pourquoi personne là-bas, ne savait pas déjà faire ce travail, mais quelle importance, j'étais là et je rendais ma ma mère heureuse.
Je descendais donc au département de l'art avec l'ancien qui en avait la charge. C'était un vieil homme sympathique et il me traitait comme si j'étais quelqu'un de spécial. Il rassembla toutes les personnes du département de l'art et me présenta à eux tous. Ils avaient tous de jolis sourires sur le visage, ainsi je pensais que cela allait être sympa. Certains me dire qu'ils appréciaient les articles que j'écrivais dans les magazines d'art et ils étaient vraiment content de me rencontrer Pour la première fois, je me sentais enfin à mon aise. Puis je remarquais une vieille soeur qui ne souriais pas du tout ou qui donnait l'impression qu'elle n'était pas intéressé par ma présence. J'expliquais à tout le monde ce que j'allais enseigné et me dirigeait vers une salle ou j'allais pouvoir faire la classe. Quand ce fût le moment de réunir tout le monde, cette vieille soeur s'approcha, regarda un peu et déclara : « Je n'ai pas besoin de cela, je vous quitte. »
Je lui souriais et lui dit " j'ai fait 5000 miles en avion pour vous enseigner quelques trucs sur l'art et vous ne voulez pas l'apprendre? Des écoles me paient très chère pour ce genre de cour et vous vous allez l'avoir gratuitement." Elle me regarda de travers et répéta simplement, " Je n'en ai pas besoin, j'ai des choses meilleures à faire," et elle sortit. Tout le monde dans la salle regardait par terre très embarassé. J'étais un peu choqué mais comme j'avais déjà animé des ateliers un peu partout dans le pays les dernières années, je savaus qu'il y en avait toujours un dans le groupe qui finissait par me faire souffrir. Je n'attendais seulement pas ce genre d'attitude de la part d'une soeur pleine d'amour du Béthel.
Je regardais dans la salle et demandait, "Qui y-a-t-il avec elle?" Personne ne dit un mot. Alors que les personnes présentes prenaient leur place et préparaient leurs aérographes gratuits, une jeune et timide frère me demande de sortir dehors avec lui. Il me dit alors ce qui non seulement allait être une surprise pour moi, mais allait être des mots que j'entendrais souvent durant mon séjour au Béthel. Il me dit d'une voix murmurante, "Ne dis à personne ce que j'ai dit çà, mais c'est un vrai problème. Elle est marié avec quelqu'un qui est haut placé dans l'organisation ainsi elle peut faire pratiquement tout ce qu'elle veut." Pour la première fois, j'étais vraiment choqué, je n'avais jamais pensé même dans mes rêves les plus sauvages, qu'il y avait une sorte de système de caste au béthel, et que certains étaient plus privilégiés que d'autres. J'allais découvrir assez vite que cette femme pouvait se comporter d'une manière odieuse tout çà grâce à l'homme avec qui elle était marié, j'allais aussi découvrir qu'elle et son mari étaient parti en Europe avec d'autres pointures de l'organisation et qu'ils voyageaient tous en « première classe »
je pensais au dernier 100 dollars que j'avais glissé dans la boite à contribution de ma Salle du Royaume. Je pensais que cet argent avait servi à aider cette dame pompeuse à s'envoler pour l'Europe avec un ticket de première classe à 3000 dollars et qu'elle se sentait si importante qu'elle n'avait pas à écouter ce que j'avais à dire. Pour la première fois de ma courte visite au Béthel, je n'étais ni confus, ni choqué, j'étais juste dégoutté.
Nous étions retourné dans la salle et je commençais à enseigner. La première chose qu'ils voulaient apprendre c'était le moyen de mieux retoucher des photos. Pour faire une démonstration, je pris une photo d'un modèle du béthel qui était habillé comme Abraham. Il était debout et avait dans sa main une branche de palmier. Pour montrer comment faire correspondre la tessiture de la photo, et y ajouter des ombres, je dessinais un ballon de basket sous la main de Abraham, et l'ombre de sa main donnait en plein sur le ballon pour que cela fasse réaliste. Alors que j'enlevais le calque de la photo et que je montrais le résultat au groupe, il se fît un silence. Je peux affirmer qu'une partie des gens avait envie de rire, mais je peux affirmer aussi, que rire à ce moment aurait été la chose la plus mal vu à faire. Je ne voyais rien de mal là-dedans, mais mon nouveau copain du département de l'art pris la parole de nouveau et dit: « Nous serions troublé de faire quelque chose comme çà comme exercice."
Je regardais dans sa direction et lui dit, " Tu es entrain de rire?" Il me regarda droit dans les yeux, et avec la même voix murmurante il me dit "Non, personne ne trouverait cela drôle." Je posais alors la photo retouchée de Kareem Abdul Abraham sur une chaise près de moi et je continuais mon cours. C'était l'heure du déjeuner, je demandais à mon nouveau copain du département de l'art s'il pouvait me diriger en dehors de l'immeuble.
Je devais attendre mon escorte pour qu'il me dirige là où je devais manger. Après l'expérience du petit déjeuner, je lui dit que je voulais juste aller à ma chambre car je n'avais pas beaucoup dormi et je voulais me reposer un petit peu. Il m'accompagna jusqu'à mon immeuble, dévérouilla la porte et me laissa entrer. Alors que je me dirigeais vers ma porte, la soeur qui faisait le ménage, quittait justement les lieux. Elle me déclara qu'elle venait juste de commencer ma suite et voulait savoir si je voulais qu'elle soit finit rapidement. Je la remerciais, mais je lui dis que non. Elle me parla du décorateur de la suite et j'eus l'impression qu'à une époque elle avait dû savoir plus que nettoyer un étage. Nous eûmes une courte conversation mais durant cet instant je réalisais qu'elle était une personne intelligente, éduquée et sociable. Alors qu'elle partait, je pensais en moi-même, mais pourquoi l'as-t-on mise au nettoyage des chambres? Elle devrait diriger cet endroit plutôt que Freddie au chaussures marrons. Ce fût la première conversation intelligente que j'avais eu depuis mon arrivée au Béthel et cette fille venait juste de finir de polir une autre couche de chrome du robinet de mon évier.
Je me couchais un moment et alors que je sommeillais enfin mon escorte était à la porte pour me dire que c'était l'heure d'y aller. Alors que nous retournions à l'immeuble de l'administration, je lui demandais comment je pourrais retrouver une personne de mon ancienne congrégation qui était au Béthel. Il me demanda son nom ainsi il pourrait chercher des informations et me les rapporter. Je retournais à ma classe et je vis la vieille soeur qui m'avait dédaigner, entrain de travailler à quelque chose sur son bureau. Je m'approchais et découvrais qu'il s'agissait d'un nouveau recueil de cantiques. Le livre que nous avions jusqu'alors était un bidule rose et triste et celui sur lequel elle travaillait était un livre d'un format plus conventionnel. Alors qu'elle tenait dans ses mains la maquette de ce livre, cela me frappa d'un coup. C'était un recueil de cantiques comme les autres églises possédaient. Son aspect me fît réaliser à cette seconde, que nous étions seulement une religion de plus. Je commençais à me sentir comme un évadé qui allait être retrouvé et écrouer à n'importe qu'elle moment. A cet instant, je ne pouvais plus me sentir bien pour ce que j'étais, j'avais besoin d'un pause et d'un bon rafraîchissement.
A la fin de la journée, je demandais à mon nouveau copain du département de l'art, s'il voulait m'emmener dîner en ville, j'avais faim et je ne connaissais pas Brooklyn. Il sauta sur l'occasion et accepta!
Je l'emmenais dans un restaurant chinois, il m'avais dit que depuis qu'il était au Béthel, il n'avait jamais bien mangé chinois. Alors qu'ils apportaient les amuse-gueules, ces yeux s'illuminèrent comme un gamin de 13 ans à la vue de son premier Playboy. Je pensais que rien que l'odeur de la nourriture allait lui faire avoir un orgasme. Alors que je commandais un plat de crevettes, je croyais que le type allait sauter par dessus la table pour m'embrasser. Alors que nous mangions, il commença à me parler de sa vie au Béthel et avec une voix calme et douce il me dit « Ne dit à personne que c'est moi qui te l'ai dit mais... ». Il me parla des problèmes entre les différents départements et comment ils ne pouvaient pas bien coopérer à cause de certains anciens qui avaient le contrôle et qui n'y connaissaient rien. Il me dit que quelquesoit le trouble dans lequel tu es, tu dois te taire. Il me dit aussi que tu apprenais vite ce que tu pouvais dire et ne pas dire et à qui tu pouvais le dire.
Il se plaignait particulièrement de l'ancien qui dirigeait le département de la photo et comment il faisait les choses exactement comme il voulait plutôt que de la manière dont les illustrateurs lui demandait. Au Bethel, comme dans d'autres studios, ils avaient un stock de photos de personne en tant qu'exemple exacte de ce que donne la lumière et les plis sur les habits et autre choses dans ce genre pour pouvoir s'en inspirer pour leurs illustrations. L'ancien en charge du département photographique faisait tout comme bon lui semblait et ne s'occupait pas de ce que les illustrateurs lui demandait. Dans le monde réel, un photographe ne tenant pas compte de ce qu'un directeur artistique demande finirait au balayage en peu de temps. Je pense que ce cerveau d'araignée devait prendre des photos de bébé à la maternité avant de venir au Bethel.
Il me parla aussi de la vieille dame qui me snoba et de la manière dont elle traitait comme de la poussière les autres membres du département. Je lui disais alors que je ferai donc attention à ce point. Il me regarda comme en état de choc et me demanda ce que j'allais faire ? Je lui disais qu'une partie de ce qui était mon travail ici et de regarder comment les choses se passaient et faire un rapport sur tout ce que j'aurais pu voir qui ne me semblait pas professionnel ou qui causait des problèmes. Il commença à suer et il s'arrêta de manger. Il me demanda de ne rien dire de ce qu'il avait dit, je le rassurais en disant que je n'allais pas le faire, mais que j'allais faire remonter ce que je notais moi-même. Il sembla vraiment affolé comme s'il venait de me donner les secrets pour fabriquer la bombe H. Après cela, la seule chose dont il parla, ce fut d'une soeur du Béthel Canadien qu'il avait rencontré et dont il était amoureux. Il me dit combien c'était dur parce qu'il ne pouvait pas la voir, je lui demandais pourquoi, mais je ne me souviens pas ce qu'il me répondit. Je peux dire que cela l'ennuyait tellement que je laissais tomber et nous rentrâmes chacun dans notre immeuble.
C'était un gars sympa et je l'aimais beaucoup, mais je n'avais jamais vu quelqu'un aussi apeuré de sa propre ombre de toute ma vie. J'étais vraiment triste pour lui, il ne méritait pas d'avoir sa vraie personnalité si étouffée par « les pouvoirs en place ».
Le jour suivant fût le jour où j'allais travailler, diriger une prise de photo pour un futur numéro du magazine Réveillez-vous. J'allais travailler avec cet ancien qui dirigeait le département photo. Une fois encore, je passais une mauvaise nuit, Je ne pouvais attendre de voir ce type. Encore un jour plus tard, et j'allais avoir le plus gros choc de tout mon voyage. Une visite dans l'appartement du membre du Collège Central Leo Greenlee. (Note du traducteur « Collège central » est une traduction polie de l'anglais littéral « Corps Gouvernant »)
Le matin suivant mon escorte me récupéra et nous faisions notre petit voyage avec Freddie les chaussures marrons jusqu'à l'immeuble de l'administration. Je pourrais voir ses chaussures lui répondre. Arrivé à ce point, plus rien ne m'aurait surpris. Je rentrais dans le département de l'art et l'ancien qui en avait la charge me dit qu'il allait m'emmener en bas au département de la photographie. Avant d'y aller, il voulait me parler en particulier. Il me dit que le jeune ancien qui faisait tourner ce département était un peu trop sûr de ses choix et que je devais juste faire ce pour quoi on m'avait fait venir sans me laisser impressionner par lui.
Je trouvais que c'était une façon très polie de me dire que ce type était stupide. J'étais conduit alors dans un grand studio photo et j'étais présenté à ce petit, jeune, et grisonnant frère qui me donnait l'impression que je venais pour tenir sa sucette. Alors que nous nous dirigions à l'arrière du studio, je notais un cyclorama photographique. C'est une chose que les photographes utilisent pour prendre les gens en photo. C'est d'habitude fabriqué dans une structure de bois qui démarre du sol et qui se courbe doucement jusqu'au plafond, soutenu par un mur en forme de demi-cercle qui le maintient jusqu'au plafond. Il ne doit pas y avoir de joint du tout, c'est donc un truc difficile à faire car il faut tordre le contre plaqué. C'est comme construire la moitié d'un bateau contre un mur. J'ai déjà vu des centaines de cyclo et je suis allé à des centaines de prises photo professionnelles. C'était la première fois que j'en voyais un avec une surface blanche et brillante.
Alors que nous marchions l'ancien me fît un gros sourire et dit, « C'est mon nouveau cyclorama, que pense-tu de lui ? » Je le regardait et lui répondit: « Il est brillant » Un superbe sourire s'étala sur son visage et il dit: « Oui, n'est-il pas merveilleux? » Je lui demandais comment ils pouvait éloigner les spots assez pour qu'ils ne se reflètent pas sur l'arrière-fond. Il me regarda comme si j'avais parlé Yiddish. Je lui disais ensuite que j'avais déjà vu des centaines de cyclo mais jamais un seul n'avait été construit avec une surface blanche et brillante. Il répondit, "Vraiment." Je secouais ma tête et lui demandais quel était le projet sur lequel nous allions travaillé. Il revient sur le sujet du cyclo et je lui disais que tous les cyclos que j'avais vu étaient peint dans une couleur très mate et parfois même couleur sable pour que les lumières des projecteurs ou des parapluies ne se réfléchissent pas dessus. Encore une fois, je parlais Yiddish pour lui.
Il me déclara que nous n'avions pas besoin de nous inquiéter parce que nous allions faire des prises rapprochées. Cela allait être une photo d'un cou de mannequin avec des mains venant dessus comme si elles allaient l'étrangler. Il me dit que les figurants étaient entrain d'arriver.
Nous attendîmes quelques minutes et il commença à dérouler un paquet de papier coloré mat qui était utilisé pour le fond. Une jeune dame très distinguée, qui était dans sa trentaine apparut. Elle se dirigea vers l'ancien et dans une voix très stricte déclara, "Rien ne pouvait arriver de mieux à cela!" Elle avait un accent anglais très prononcé et ses yeux auraient pu refroidir instantanément une coulée de lave. Elle tenait dans sa main une boite de bijoux, qu'elle déposa cette boite sur la table. Elle demanda combien de temps il avait besoin d'elle et il lui répondit à peu près une heure. Cela me signala instantanément que ce type ne savait absolument pas ce qu'il faisait. Quelques minutes plus tard, un des gars du département de l'illustration apparut et me dit qu'il était ici pour essayer d'apprendre quelque chose. La seule chose que je fis, fut un sourire.
Alors que le petit ancien commençait à préparer ses lumières, je lui demandais si il avait regarder ce qu'il y avait dans la boite. Il m'affirma ne pas en avoir besoin, alors j'allais ouvrir cette boite. Il y avait dedans un collier incrusté de diamants et d'émeraudes. La pierre la plus grosse semblait faire au moins 8 carats. Je voyais par son apparence que ce n'était pas un bijou acheté au supermarché. Le jeune frère du département de l'art s'approcha et regarda lui aussi le bijou. Il secoua la tête et se retira de nouveau dans le fond. Alors que l'ancien n'en finissait pas avec ses lumières, je m'éclipsais au fond et demandait au type du département de l'art qui était cette soeur et comment avait-elle pu avoir ces bijoux de la couronne. Il me déclara qu'elle était marié avec un membre du Collège Central qui était deux fois plus agée qu'elle et qu'elle venait d'une famille qui avait de l'argent.