Le Compte-Rendu de  la Genèse

Alain Feuerbacher


Considérons maintenant comment le livre Création manipule la description de la création du livre de la Genèse. Le chapitre 3 en explique le déroulement. Il donne des renseignements sur chaque jour de création et leur assigne "de longues périodes de temps - des millénaires." Le Paragraphe 32 tire cette conclusion :

De ce que nous avons considéré, le compte-rendu de la création de la Genèse apparaît comme un document scientifiquement correct. [19]

L'ennui c’est que, jusqu'à ce point du chapitre 3 rien n'a été considéré qui mène à cette conclusion. Les seules choses qui ont été couvertes sont les descriptions des jours de la création   de la Genèse en rapport avec certains faits évidents, c'est-à-dire, l’apparition de la lumière, la séparation de la nuit et du jour, l’apparition de la terre ferme, le fait qu’on puisse discerner le soleil et  la lune dans le ciel, l’apparition des saisons et de beaucoup de formes de vie. Seulement dans la suite de la discussion l'auteur partira du principe que la Genèse est scientifiquement correct. Le paragraphe 33 continue :

Toute la connaissance des hommes sages de l'Egypte n'aurait pas pu fournir à Moïse, l'auteur de Genèse, les indices suffisants sur le processus de la création … Où,   Moïse a-t-il appris toutes ces choses ? Apparemment de quelqu'un qui était là.

Notez ici que l'auteur suppose déjà   que la Genèse est scientifiquement prouvée, bien qu'il ne l'ait pas encore fait, il dit d’ailleurs explicitement qu'il est sur le point de le prouver  par son argument suivant, dans le paragraphe 34 :

La science des probabilités mathématiques offre la preuve saisissante que le compte-rendu de la création de la Genèse doit être venu d'une source ayant la connaissance des événements. Le compte-rendu donne 10 étapes principales classées dans cet ordre : (1) un commencement; (2) une terre primitive dans l’obscurité et ensevelie dans des gaz lourds et de l’eau; (3) la lumière; (4) une étendue ou atmosphère; (5) apparition de grandes morceaux de terre ferme; (6) les plantes terrestre; (7) le soleil, la lune et les étoiles perceptibles dans l'étendue et le commencement des saisons; (8) les monstres de la mer et les créatures volantes; (9) les bêtes sauvages et domestiques, les mammifères; (10) l’homme. La science reconnaît que ces étapes se sont produites dans cet ordre général. Quel sont les chances pour que   l'auteur de la Genèse est pu deviné correctement cet ordre ? Les mêmes que si vous aviez tiré au hasard les numéros 1 à 10 d'une boîte dans le bon ordre. Les chances de faire cela dès votre premier essai sont de 1 sur 3,628,800! Pour ainsi dire,  que l'auteur soit arrivé à décrire les événements dans l'ordre juste sans tirer les faits de quelque part n’est pas réaliste.

Le point clef affirmé ici est que la science reconnaît que les étapes de la création sont arrivées dans l'ordre général que donne la Genèse et donc que Dieu doit avoir informé Moïse sur cet ordre. [20] Comment l'auteur démontre-t-il que c’est bien l'ordre dans lequel la science est d’accord ? Il ne le fait pas dans le texte principal. Cependant, dans un encart non cité dans le texte principal il dit la chose suivante :

Un géologue bien connu a déclaré ceci sur le compte-rendu de la création de la Genèse :

"Si on faisait appel à moi en tant que géologue pour expliquer brièvement nos idées modernes sur l'origine de la terre et le développement de la vie à des gens simples, agriculteurs, comme les tribus à qui le Livre de Genèse a été adressé, je ne ferais guère mieux que de suivre le plus étroitement possible le schéma du premier chapitre de la Genèse." Ce géologue, Wallace Pratt, a aussi noté que l'ordre des événements - de l'origine des océans, à l'apparition de la terre, à l'apparition de la vie maritime et ensuite des oiseaux et des mammifères - est essentiellement l'ordre des principales divisions des temps géologiques.

Ainsi le livre Création soutient son point clef par une citation d'un simple géologue. Il ne fournit aucune donnée géologique et aucune référence aux textes de géologie ou d’une autre science. L'auteur suppose apparemment que le lecteur lira l’encart et qu’à partir de cette simple référence anecdotique il tira la conclusion que la géologie soutient la Genèse. De même, de cette simple  citation et de la liste de dix événements de création, l'auteur tire la conclusion qu'il n'y a aucune chance que l'auteur de Genèse ait juste deviné l'ordre juste de la création. Mais "le fait" clef est-il correct, à savoir, est-ce qu'il est vraiment vrai, que la science reconnaît que les étapes de la création sont arrivées dans le même ordre général que présenté dans la Genèse ? La chose suivante est un résumé de ce que la plupart des livres de géologie disent. Notez que ce que la science dit concernant l’univers et la terre primitive est fortement spéculatif et cela à cause de la pénurie de données sur ces premières périodes. Ceci est largement reconnu par les textes de géologie.

La théorie la plus récente sur l'origine de l'univers postule que tout a commencé dans une sorte d'explosion appelée "le Big Bang." La Science ne peut faire aucune affirmation sur ce qui a existé avant le Big Bang parce que la physique avant le Big-Bang n’est pas encore comprise. [20a] Donc la science et la Genèse peuvent reconnaître qu'il y a un commencement, mais les détails sont radicalement différents. Cela élimine l'accord avec le point (1) ci-dessus.

Comment était la terre primitive ? De nouveau la science ne peut rien dire avec   certitude. Beaucoup de théories ont été avancées, mais presque toutes sont reconnues comme spéculatives parce qu'il n'y a aucune preuve formelle. Une catégorie de théorie postule que la première terre était extrêmement chaude à cause de l'énergie de gravitation dégagée de la matière lui tombant dessus qui venaient de la condensation de la nébuleuse primordiale dans laquelle le système solaire a été formé. La terre s’est alors   lentement refroidie, dégageant les gaz qui ont formé l'atmosphère et la vapeur d'eau qui se sont finalement condensés pour former les océans. Une autre catégorie de théorie postule que la première terre était relativement froide au début et l'intérieur s’est graduellement réchauffé jusqu’à son état actuel à cause des éléments radioactifs qu'elle  contient. [21] Ce réchauffement graduel a dégagé des gaz divers pendant les éruptions volcaniques. En résumé la composition et l'évolution de la première atmosphère sont encore mal compris, tout comme  le mode de formation des océans. Ce qui est par contre attesté c’est qu'une surface solide a existé avant n'importe quelle accumulation des océans. Cette certitude éliminent la pertinence   des points (2), (3), (4), (5) et (7) ci-dessus.

L'auteur du livre Création est conscient que la science ne dit rien concluant sur la première atmosphère, car à la page 41 il dit :

Le fait est que, n’importe quel essai tentant d'établir la nature de l'atmosphère primitive de la terre ne peut être seulement basée sur des  suppositions. Personne ne sait à coup sûr à quoi elle   ressemblait.

Apparemment à la page 41 l’auteur a oublié les points rapportés ci-dessus, parce que si personne ne connaît à coup sûr de quoi l'atmosphère était faite, il ne peut y avoir aucun accord réel entre la Genèse et la science sur cela. Il est évident que l'auteur prétend que la science et la Genèse conviennent de l'état de l'atmosphère primitive quand cela l’arrange, mais plus tard il prétend que la science ne sait vraiment rien de la première atmosphère quand il poursuit un but différent. Ce parti pris envers "des faits" pour prouver des notions préexistantes est inopportun dans un livre publié par une organisation qui prétend ne s’intéresser qu’à la vérité. 

Et en ce qui concerne l'ordre de la création  de la vie ? Les enregistrements géologiques sont beaucoup plus clair que   sur l’histoire primitive de la terre. Si c’est encore plutôt spéculatif sur les premières formes de vie unicellulaires en raison d’un manque de preuves, il y en a beaucoup plus en ce qui concerne l’apparition de formes de vie plus complexes. Selon les sources géologiques de références, les organismes unicellulaires appelés procaryotes sont apparus en premier, ils ne contiennent pas de noyau. Ils sont d’abord apparu sous la forme de bactéries anaérobiques, ensuite sous la forme de bactéries photosynthétiques, ensuite sous forme de bactéries  aérobiques et enfin sous la forme d’algues  bleues-vertes. Ensuite sont apparus les organismes composés d’une cellule appelés eucaryotes , qui contiennent un noyau. Finalement sont venu les organismes multicellulaires de toutes les variétés. 

Les organismes multicellulaires étaient en premier des invertébrés marins de différents types. Ensuite les poissons et les plantes marines plus évoluées sont apparus. Par la suite   les plantes terrestres, les amphibiens et les insectes, puis les reptiles, les oiseaux, les  mammifères et finalement l’homme. Notez particulièrement que la science dit que les poissons sont venus avant les plantes terrestres et que quelques animaux terrestres comme les amphibiens et les scorpions sont apparus avant les premières créatures volantes, y compris les insectes volants. Si la Genèse était correcte, les baleines seraient en particulier apparues avant les dinosaures et donc les oiseaux, parce que les simples bergers Israélites   auraient compris que "les grands monstres de mer" incluaient les baleines et "les créatures volantes" incluaient les oiseaux. Les enregistrements fossiles indiquent que les dinosaures volant comme les dinosaures nageant vivaient ensemble et qu’ils ont été souvent construits suivant la même lignée que leurs homologues mammifères et aviens. Mais cela, les Israélites ne le savaient pas. Ces choses montrent  donc que le point (6) ci-dessus n’est pas vrai   et que les points (6), (8) et (9) sont mélangés. La seule chose qui est entièrement en accord avec la science dans la liste ci-dessus est que l’homme est venu en dernier.

Si on doit malaxer la Genèse et altérer les données scientifiques, comme par exemple sur le fait que quelques plantes ont été créé très tôt et d'autres ont été créés beaucoup plus tard, quand toutes les plantes mentionnées dans la Genèse comme l'herbe et les arbres fruitiers sont selon elle créées ensemble et beaucoup plus tard, on ne peut pas prétendre que les deux points de vue sont d'accord l'un avec l'autre. La déclaration du livre Création que les étapes de création   de la Genèse sont en accord avec la science n’est vraie que d’une façon les plus limitée.

Si vous considérez que la déclaration de la Genèse que l'univers a un commencement est significatif, alors d'autres histoires de création primitives doivent être aussi considérées significativement, car pratiquement toutes disent qu’il y a eu un commencement. Ainsi quelle est le degré d'accord entre la science et la Genèse ?

Après un commencement, les formes de vie sont apparues, parmi lesquelles l'homme était le dernier.

Voilà.

Il n'y a aucun accord dans les détails. Donc on n'a pas pu démontré que l’affirmation du livre Création comme quoi le compte-rendu de la Genèse était venu d'une source ayant la connaissance des événements était vrai. En fait, là où la science n’est pas dans le floue, elle n'est pas d'accord avec le compte-rendu de la Genèse dans pratiquement tous les détails.

On voit donc pourquoi le livre  Création ne se réfère à aucune donnée géologique pour prouver ses dirs, parce que les données le réfutent. Au lieu de cela, il doit recourir aux citations d'un simple géologue, qui, cela ne nous étonnera pas, était   créationniste et  qui croyait que la terre a été créée en six jours de 24 heures. C'est typique des arguments de la Société en ce qui concerne la science et la Bible. Quand il n'y a aucun appui dans les publications scientifiques la Société cite d'autres écritures religieuses ou créationnistes sans dire au lecteur la nature de la source. 

Ainsi quelle est la probabilité que l'auteur de Genèse ait obtenu sa connaissance de l'ordre de la création de part Dieu, quand on examine   son "accord" avec ce que la science dit ?

Zéro .

Noter que cette conclusion ne considère pas  si "les faits" scientifiques sont exacts. Il dépend seulement du fait, que la science et le compte-rendu de la Genèse ne sont pas d'accord. Si "les faits" scientifiques sont exacts est entièrement une autre question.

...      

La citation du livre Création sur le géologue Wallace Pratt, comme mentionné ci-dessus, est un exemple de la manière dont la Société n’inclut pas toutes les données sur une référence qu’elle cite, bien que les points omis puissent produire une différence décisive dans le jugement du lecteur sur ce sujet. Wallace Pratt était un géologue et un cadre à la Humble Oil Company ainsi qu’à   la Standard Oil Company(Exxon ) aux différentes périodes de sa carrière. Voici le contexte dans son entier de la citation de Création. [22] Que le lecteur fasse son propre jugement. 

Pratt se sent  autant chez lui dans les mondes de la littérature et de la philosophie comme il l’est dans celui de la science et de l’industrie. Il est intrigué par le pouvoir de l'expression poétique. Dans "les Sermons   de Pierre," un cours qu'il a donné en 1928, il a déclaré, "si on fait appel à moi en tant que géologue pour expliquer brièvement nos idées modernes sur l'origine de la terre et le développement de la vie à des gens simples, bergers, comme les tribus à qui le Livre de Genèse a été adressé, je pourrais à peine obtenir plus de succès qu’en suivant de près la langue du premier chapitre de la Genèse." Il a noté alors que l'ordre des événements - de l'origine des océans, à l'apparition de la terre,  puis l’apparition de la vie maritime et ensuite des oiseaux et des mammifères - est essentiellement l'ordre principal des divisions des temps géologique de l'Ère Cosmique jusqu’au Psychozoic. Il n’était pas dérangé par le fait que la Genèse comprime des millions d'années géologiques en six jours, car "nous ne sommes pas certains, en effet, qu'avec le Créateur, ' un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour ? '"

Beaucoup des théories sur l'origine de la terre à laquelle les scientifiques croyaient en 1928 ont été brusquement modifiées à la lumière des nouvelles découvertes géologiques et astronomiques, mais pas assez, selon Pratt, pour perturber le parallélisme d’avec la Genèse. "La Science est comme cela," a-t-il dit. "Aucune théorie scientifique n'est sacro-sainte. Quelqu'un a dit que la grande gloire de la science consiste en ce que les vérités d’aujourd'hui sont les absurdités de demain. Et c'est ainsi. De nouveaux faits inspirent toujours les scientifiques pour inventer de nouvelles hypothèses et démolir les anciennes ."

Notez deux points importants : (1) Pratt était créationnistes et il croyait que la terre a été créée en six jours de 24 heures et (2) la référence que donne le livre Création date de 1928. Le livre création est silencieux sur ces points parce que cela dégonflerait ses arguments, et cela malgré les commentaires de Pratt. Encore une fois la Société retient une partie de l'information qui pourrait aider un lecteur à évaluer la valeur de ses arguments. 

Un point intéressant sur Pratt consiste en sa croyance religieuse que la terre a été créée en six jours de 24 heures. Pratt avait une réputation légendaire sur sa capacité à trouver des gisements de pétrole basés sur l’aspect géologique d'un secteur. Il a régulièrement utilisé l'idée que le pétrole entre deux strates y a été fixé au cours d'une longue période de temps, et donc que les strates avaient alors une certaine consistance qu'il était capable de discerner afin de discerner les probables gisements de pétrole avec un grand succès. Comment était-il capable de réconcilier ces deux croyances contradictoires?

...      

Les informations montrant que la Genèse et la science ne s’accordent pas sur l'ordre de la création de la vie ne sont  pas nouvelles. Un article intitulé  "Cette Vue de la Vie" dans Histoire naturelle [23] a entamé une série d'articles écrits de 1885 à 1896 par l'ancien Premier ministre Britannique W. E. Gladstone et le paléontologiste T. H. Huxley concernant le compte-rendu de la création de la Genèse. Gladstone avait

écrit un article sur la réalité scientifique du livre de la Genèse … Thomas Henry Huxley … avait lu les efforts de Gladstone avec  dégoût et écrivit une réponse pour amorcer une des plus dures, et depuis oubliée, rhétorique du dix-neuvième siècle … [Concernant le compte-rendu de la Genèse,] est-ce que   l'ordre général et l'histoire sont compatibles avec la science moderne, du Big-Bang à la théorie Darwinienne ? Les plantes viennent d'abord dans la Genèse, puis les créatures de la mer, viennent ensuite les animaux et finalement les hommes. Eh bien, n'est-ce pas  vrai ? Et, s'il en était ainsi, la genèse ne serait-elle pas vraie dans un sens plus large? D'autant plus que les scribes de la Genèse ne pouvaient pas comprendre la géologie, leurs parole n’étaient-elles pas divinement inspirée ? Ce type de questions étaient le centre précis de l'article de Gladstone. Les paroles d'Huxley méritent donc une résurrection. 

La réfutation que présente Huxley n'est pas différente des arguments présentés par la plupart des intellectuels - tant scientifiques que théologiens – d’aujourd'hui. D'abord, tandis que l'ordre général de la Genèse pourrait être correcte – les plantes d'abord, les hommes en   dernier - beaucoup de détails sont faux selon les témoignages de la géologie et les enregistrements fossiles. Deuxièmement, ce manque de corrélation n'a rien de négatif à apporter sur la puissance et le but de la religion ou sur son rapport avec les sciences. La genèse n'est pas un traité d'histoire naturelle …

Gladstone … insista sur le fait que [les étapes principales de la création] sont précisément en conformité à l'ordre qu’indique  la science moderne - les événements cosmologiques des quatre premiers jours sont à reliés à "l'hypothèse de la nébuleuse" de Laplace sur l'origine du soleil et des planètes, et les événements biologiques des cinquième et sixième "jours" sont à reliés aux données géologiques et fossiles ainsi qu’à la théorie de l'évolution de Darwin. Il mis spécialement l'accent   sur l’ordre quadruple dans l'apparition des animaux : "la population aquatique" suivi par "la population aérienne" le cinquième jour et "la population terrestre" et son "aboutissement dans l’homme" le sixième jour …

Gladstone termina alors son argumentation avec la revendication toujours utilisée par les apologistes modernes : cet ordre, trop exact pour être deviné par des auteurs ne connaissant pas la géologie, a dû être révélé par Dieu aux scribes de la Genèse :

Alors, je vous demande, comment  … l'auteur du premier chapitre de la Genèse a pu savoir cette ordre, comment a-t-il pu posséder la connaissance que les sciences naturelles n’ont seulement que depuis notre époque en creusant les entrailles de la terre ? Il est sûrement impossible d'éviter la conclusion,  soit que l’auteur était doué de facultés dépassant toute l'expérience humaine, soit que sa connaissance était d’origine divine.

Huxley a organisé sa critique en citant quatre arguments contre l’affirmation   de Gladstone sur le fait que la Genèse a spécifié un  "'ordre quadruple" de la création - la population aquatique, la population aérienne, la population terrestre et l'homme. Huxley a écrit :

Si je connais quelque chose sur tous les résultats atteints par les sciences naturelles de notre temps, c'est une conclusion démontrée et un fait établi que l'ordre quadruple donné par M. Gladstone n'est pas vrai à partir des preuves à notre disposition a tendance sur l’apparition des populations aquatiques, aériennes et terrestres sur le globe … Les faits qui démolissent son entière argumentation sont de notoriété publique

Il présente alors ses arguments dans   cet ordre :

1. Des preuves géologiques directs montrent que les animaux terrestres ont surgi avant les créatures volantes. Cette inversion de l'ordre biblique est vrai même si nous voyons dans le texte de la Genèse une référence seulement aux vertébrés (les amphibiens terrestres et les reptiles ont précédé les oiseaux) ou bien à tous les animaux (les arthropodes   terrestres comme les scorpions ont surgit avant les insectes volants).

2. Même si nous ne connaissons pas, ou ne voulons   pas avoir confiance, en l'ordre géologique, nous pouvons déduire sur des bases purement anatomiques que les créatures volantes doivent s'être développées à partir d’ancêtres terrestres préexistants . Les structures employées dans le vol sont des modifications tirées de particularités terrestres …

3. Indépendamment de l'ordre des premières apparitions, de nouvelles espèces dans tous les groupes – aquatiques, aériennes ou terrestres - ont continué à surgir pendant les périodes suivantes, tandis que la Genèse implique que Dieu a créé toutes les créatures maritimes, puis tous les habitants des airs, et cetera.

4. Cependant si nous délaissons  la chicane sur l'ordre des animaux, Gladstone ne doit pas aussi facilement écarté les plantes de sa discussion. La genèse place leur origine  au troisième jour, avant l'apparition du premier animal. Mais les plantes ne précèdent pas les animaux dans les  enregistrements fossiles; et les plantes à fleurs terrestres spécifiquement mentionnées dans la Genèse (l'herbe et les arbres fruitiers) surgissent très tard, longtemps après les premiers mammifères …

… quand Gladstone revint sur le problème, il ne put produire qu’une réponse assez faible aux détails d'Huxley. Il a efficacement combattu un des arguments faible de Huxley - le troisième sur lequel tous les groupes continuent à produire de nouvelles espèces, indépendamment de l'ordre de leur apparition initiale. La genèse, répond Gladstone, discute seulement l'ordre de leur origine, pas les modèles de leur développements par la suite :

Si nous arrangeons les écoles de philosophie grecque dans l'ordre, selon les dates de leur apparition, nous ne voulons pas dire qu'une a expiré avant qu’une autre ait été fondée. Si l'archéologue nous décrit comme une succession les âges de pierre, de bronze et de fer, il ne veut certainement pas dire qu'aucune type d'outil en pierre n'a plus été inventé après le commencement du bronze.

Mais Gladstone a été bloqué sur sa revendication principale, la véracité de l'ordre de la Genèse : la population aquatique, puis aérienne, puis terrestre et enfin les hommes. Donc il  prit   refuge dans un vieux stratagème. Il a redéfini son argument réfuté et a changé les termes de la discussion. La genèse ne se réfère pas à tous les animaux, mais "seulement à la formation des créatures avec qui le premier homme était en contact." Donc, les invertébrés sont écartés (bien que je ne puisse pas croire que les cancrelats n'avaient rien à faire dans le Jardin d'Eden) et les ordres marins, aériens, terrestre sont redéfinis comme le poisson, l'oiseau, le mammifère et l'homme. Au moins cet ordre est géologiquement correct. Mais chaque tentative dans la redéfinition apporte de nouveaux problèmes. Comment  la population terrestre  du sixième jour - "chaque être vivant que vit sur la terre" - se réfèrent aux seuls mammifères  et excluent les reptiles qui ont non seulement surgi longtemps avant les oiseaux, mais ont aussi fourni l'origine dinosaurienne de leur généalogie. Ce problème relégua Gladstone dans un coin et il répondit par l’argumentation assez faible que les reptiles sont des choses répugnantes et dégénérées, qui ne devraient pas attirer notre attention (malgré Eve et le serpent) : "les Reptiles sont une famille tombée en déchéance; au lieu d’améliorer son caractère principal sur une grande période de vie, ils se sont simplement cachés sur la terre." Gladstone sentant la difficulté   a admis que bien que les reptiles ne réfutait pas son histoire, ils ne l'ont certainement pas aidé non plus : "cependant ce cas peut être considéré, bien sûr je ne peux pas en tirer d'appui pour mon argumentation générale."

Huxley, sentant la victoire, se prépara à la mise à mort. Il railla l'argument changeant de Gladstone sur les reptiles et continua à mettre en évidence les contradictions de la Genèse, prise littéralement, d’avec la géologie ("M. Gladstone et la Genèse," le Dix-neuvième siècle, 1896) :

Autant que puissent être répréhensibles et méprisables les reptiles terrestres,  la seule question qui me semble être appropriée par rapport à mon argumentation, est de savoir si ces créatures sont ou ne sont pas comprises sous la dénomination "de tout qui se meut sur la terre ."

Invoquant les reptiles de nouveau, il  écrivit :

Cependant, les créatures misérables sont debout devant nous, réclamant notre attention; et, bien différent est la l’atmosphère litigieuse avec lequel M. Gladstone exprime son caractère familier, de l'atmosphère scientifique qui ne trouve aucune utilité de fermer les yeux devant les faits, ou d’essayer de les enterrer sous un amas de rhétorique.

Le nouvel ordre de Gladstone, le poisson, l'oiseau, le mammifère et l'homme n'exécute pas mieux que sa première tentative   la réconciliation de la Genèse avec la géologie. L'entreprise entière, Huxley l’affirme, est circonvenue, mauvaise et inutile : "les Sciences naturelles me semblent refuser d'avoir un rapport avec l'un ou l'autre [de deux ordres de Gladstone]; ils sont faux tant dans les détails que dans les principes." La Genèse est un grand travail de littérature et de moralité, pas un traité d'histoire naturelle.

Il y a le rien de nouveau sous le soleil. Le vieil argument que le livre  Création ranime n'est pas mieux que celui d’il y a cent ans. Les mêmes erreurs sont reproduites. L'argument clef du livre Création au Chapitre 3, que la science et la Genèse sont en accord sur l'ordre de la création, qu'il appuie sur une déclaration d’un géologue créationnistes en six jours de 24 heures, est incorrect. Quand on examine les détails , il est évident que la Genèse ne peut pas être réconciliée d’avec les enregistrements fossiles, de même que Thomas Huxley l’a signalé il y a déjà cent ans.

  Parlons brièvement de la validité des interprétations  scientifiques actuelles sur les enregistrements fossiles. Il est vrai que beaucoup de ce qui est dit est encore spéculatif ou mal connu. Cependant, il y a quelques aspects de base de la géologie qui sont si proches de la mesure et de l'observation simple que les scientifiques peuvent prétendre avoir raison :

Particulièrement la datation géologique (tant relative qu’absolue) est construite sur des bases extrêmement fermes. Défier la chronologie de base des formes de vie ressembleraient à revendiquer que le soleil est seulement dix mille kilomètres de la terre ou que la terre est plate. En effet, nous pouvons "voir" l'échelle des temps géologiques. [24]

Si les enregistrements fossiles ont montrés des contradictions claires avec la Genèse - comme la première apparition des fossiles d'animaux ou de plantes qui, selon la compréhension scientifique actuelle, sont apparus tard dans les enregistrements fossiles – on pourrait argumenter que les enregistrements fossiles sont assez mal compris pour en tirer   des conclusions fermes et qu'il n'y a aucune base pour mettre en doute les déclarations de la Bible qui sont en conflit avec les enregistrements  fossiles. Mais il n'y a pas une telle anomalie. Il apparaît donc, qui prétendre que la Bible est précise quand elle touche à des questions scientifiques comme l'ordre de la création, repose presque entièrement sur le rejet des évidences, plutôt que sur un examen impartial de toute les preuves. En tout cas l’idée principale est là : la science et la Genèse ne sont pas en accord sur l'ordre de la création.

...      

L'article du 8 Juin 1991, "Chaque Jour de Création Finit-il  Toujours avant qu’un autre ne commence ?" est une bonne illustration du manque de compréhension de la géologie par la Société. L'article de Réveillez-vous , tout comme le livre  Création, contient beaucoup de déclarations comme quoi  le compte-rendu de la création dans la Genèse est historique et est en accord avec la science. L’exposé qui va suivre examine le point de vue de l'article sur cette question.

Notez d'abord que le livre Création et Réveillez-vous! ne sont pas d’accord entre-eux sur le fait de savoir si la science et la Genèse conviennent de l'ordre des événements de la création. À la page 37, le livre Création donne dix événements sur l’ordre de la création et déclare :

La science reconnaît que ces étapes sont arrivées dans cet ordre général.

Cependant l’article de  Réveillez-vous! dit à la page 12 :

De temps en temps, les Témoins de Jéhovah reçoivent certaines questions sur l'ordre du processus de création comme décrit dans [ Création] le livre... Certaines de ces questions pointent sur une différence entre l'ordre tel que présenté dans le livre et l'ordre revendiqué pour ces événements par la plupart des géologues.

Le dernier paragraphe à la page 14 dit : 

Les enregistrements géologiques sont incomplets et soumis à l'interprétation selon les penchants théoriques de ceux qui cherchent à démêler ses fils embrouillés. 

Suivant la règle de la Société comme quoi la dernière information qu'elle publie est sa position officielle, les déclarations de Réveillez-vous semblent signifier que le thème de base du troisième chapitre du livre Création, à savoir, que la science et la Genèse sont en accord sur l'ordre de la création, n'est plus soutenu par la Société. La Société admet-elle que la science et la Genèse ne conviennent pas en réalité de l'ordre de création ?

Notez ensuite que   Réveillez-vous! n’avance rien d’inconnu pour un étudiant en géologie quand il soutient que la création de la vie a été une activité graduelle et progressive. Les enregistrements fossiles montrent clairement que la vie a changé progressivement à travers les âges, que les espèces apparaissant souvent soudainement dans une série rapide "d'explosions" et disparaissant parfois même plus soudainement dans des extinctions massives. La disparition spectaculaire des dinosaures il y a 65 millions d'années puis l'apparition rapide d'une grande variété de mammifères est un cas d’école. Il a été évalué que plus de 99 % de toutes les espèces qui ont jamais vécu se sont éteintes. Ce qui est nouveau dans l’article de Réveillez-vous!   est la reconnaissance par la Société que de nouvelles formes de vie sont apparues au fil du temps et particulièrement que la Genèse soutient cette notion. Aucune autre organisation fondamentaliste ne semble prendre cette position.

Les déclarations du compte-rendu de la Genèse quant à l'ordre de la création soulèvent la question de savoir si ce sont les animaux terrestres ou les créatures volantes qui sont apparus en premier. Réveillez-vous! signale que la Genèse ne parle pas des seuls oiseaux quand elle emploie le mot hébreu ' ohph, mais que toutes les espèces de créatures volantes ont été créées le cinquième jour. De la même façon il est clair que la Genèse parle de toutes les espèces d’animaux   terrestres, et non juste des mammifères, comme ayant été créé le sixième jour. Réveillez-vous!   commet une sérieuse erreur en réduisant la question à savoir si les mammifères sont apparus avant les oiseaux ou les autres créatures volantes et en ignorant   la question générale. L'article est, en fait, une excellente illustration  de l'utilisation "de l'homme de paille" comme style d'argumentation. "L'homme de paille" ici, est la question de savoir de qui des oiseaux ou des mammifères sont apparus les premiers. L’article étudie le problème et le substitue ensuite à la véritable question de savoir de qui des créatures volantes ou des animaux terrestres sont apparus les premiers. L'homme de paille est facilement renversé, laissant la véritable question non résolue tout en donnant l’impression aux lecteurs peu attentifs que la réponse à la question a été donnée.

Pour quelles raisons   la question de savoir de qui des mammifères ou des oiseaux sont apparus en premier n’est pas significative par rapport aux problèmes de la science et la Genèse ? Simplement parce que la science ne peut pas donner une réponse claire à ce sujet. Il y a tant de fossiles qui montre  une situation intermédiaire dans les structures squelettiques entre les reptiles et les mammifères que les scientifiques ont du mal  à décider qui était vraiment le premier   mammifère. Le plus vieux oiseau fossile actuellement découvert,le célèbre Archaeopteryx , a de nombreuses particularités intermédiaires entre les reptiles et les oiseaux modernes au niveau du squelette. Archaeopteryx est apparu dans les registres fossiles il y a 140 à 150 millions d'années, en même temps que les premiers vrais mammifères. On ne sait pas si Archaeopteryx appartenait vraiment  à la lignée des premiers oiseaux, ou s'il appartenait à une famille particulière qui a existé à côté des oiseaux plus conventionnels. Il n’ y a simplement pas assez de données  fossiles. Les premières traces de créatures ressemblant à des mammifères sont apparut il y a 215 millions d'années et, un fossile faisant encore débat dont le découvreur pense que c'est un oiseau est daté  d’il y a 225 millions d'années. Ainsi, l'idée de savoir si les oiseaux sont apparus avant les mammifères est encore en discussion et diriger le débat là-dessus manque le point essentiel par rapport à la Genèse à savoir le problème des animaux terrestres contre les créatures volantes. Les enregistrements fossiles sont clairs  les animaux terrestres sont apparus longtemps avant les premières créatures volantes. Quant aux créatures marines elles apparaissent en premier. Mais Réveillez-vous!  ne discute pas de cela, ni le livre   Création. Qui plus est, Création et Réveillez-vous! évitent soigneusement de parler de ces données géologiques, mais parlent seulement de généralités.

Non seulement Réveillez-vous  passe à côté du problème sur les animaux terrestres et les créatures volantes en parlant des mammifères et des oiseaux, mais en plus il se trompe quand il rapporte ce  que les scientifiques croient des mammifères et des oiseaux. Il dit à la page 12 :

De façon intéressante, tandis que beaucoup de géologues estiment que les oiseaux sont apparus après les mammifères, d'autres croient que les mammifères sont apparus après les oiseaux. On peut en trouver un exemple   dans le livre l'Évolution, par Colin Patterson, à la page 132. Cela montre que ce qu’on peut tiré des enregistrements fossiles n'est pas concluant.

Il est certainement vrai que les données tirées des enregistrements fossiles ne permettent pas d’être définitif sur l'origine des oiseaux. Il est aussi vrai, que quelque paléontologistes croient que les mammifères sont apparus après les oiseaux, mais Colin Patterson n’est pas l’un d'entre eux. L'exemple de la page 132 du livre de Patterson est en réalité un diagramme montrant ses idées sur les rapports généalogiques  entre les différents groupes de vertébrés existants. Le diagramme est un arbre évolutif typique montrant à quel moment les différents groupes de vertébrés se séparent à partir de leur tronc commun, mais il est incomplet car il ne prend  pas en compte les grands groupes d'animaux disparus comme les dinosaures. Ces groupes disparus sont représentés par les lignes démontrant les différents rapports héréditaires. Malheureusement ce diagramme ne peut pas être reproduit ici, mais le point important est qu'il montre les liens représentant le groupe des ancêtres communs aux tortues, aux serpents, aux lézards, aux crocodiles et aux oiseaux se séparant du groupe des ancêtres communs aux ovipares, aux mammifères marsupials et placentaires, aux environs de 315 millions d'années. C'est en fait la séparation entre deux sous-groupes principaux des reptiles : les reptiles conventionnels connus sous le nom de diapsides, incluant les dinosaures, les lézards et les serpents et les moins conventionnels synapsides (therapsides) incluant les reptiles ressemblant aux mammifères. [25] le diagramme montre que la lignée des oiseaux et des crocodiles se séparent à partir de 215 millions d'années, mais c'est en réalité la séparation entre les dinosaures et les animaux semblable aux crocodiles. Ici Patterson inclut implicitement les oiseaux parmi la lignée des dinosaures. Le diagramme montre aussi que les mammifères ovipares se séparent des mammifères marsupials/placentals il y a 190 millions d'années, environ 25 millions d'années après l'apparition des premières traces possibles de mammifères et bien avant que le dernier du synapsides ne soit apparu. En d'autres termes, le diagramme montre que la lignée qui a mené aux mammifères se sépare il y à 315 millions d'années de la lignée qui a mené aux reptiles, aux dinosaures et aux oiseaux. Réveillez-vous! analyse mal le diagramme en comparant le moment où les oiseaux se séparent des crocodiles, il y a 215 millions d'années, d'avec le moment ou les mammifères ovipares se séparent des mammifères marsupiale/placentaire, il y a190 millions d'années et prétend ainsi  que ce sont les moments où Patterson pense que les oiseaux et les mammifères sont apparus. Le diagramme montre précisément l'opposé de ce que Réveillez-vous revendique. { 25}

En ce qui concerne la création des plantes, le compte-rendu de la Genèse est direct. Dans la  Traduction du Monde nouveau, Genèse 1:11, 12 fait spécifiquement état de la création de l'herbe et des arbres fruitiers avant la fin du troisième jour créateur. Cependant, beaucoup d'autres traductions mettent "végétation" plutôt qu’ «  herbe », le mot hébreu original pouvant être rendu d'une manière ou d'une autre. Ainsi si la Genèse parle vraiment de la végétation en générale et pas de l'herbe, il n'y a aucun conflit. En tout cas, ce n'est que le cinquième jour que les créatures marines ont commencé à être créées et les animaux comme les dinosaures n'ont pas été créé avant le sixième jour. Cependant, les enregistrements fossiles montrent explicitement que les créatures et les plantes aquatiques sont apparues longtemps avant les plantes terrestres, au moins 200 millions d'années avant. Les arbres fruitiers sont apparus il y a 110 millions d'années en plein milieu de la période des dinosaures et les herbes sont apparus il y a 60 millions d'années au commencement de la période des mammifères, tandis que les premiers animaux terrestres, y compris les insectes, apparaissent dans les enregistrements fossiles il y a environ 450 millions d'années. Les évidences fossiles pour cet ordre sont extrêmement fortes et sont connus depuis au moins 150 ans. L'apparition des plantes à fleurs, y compris les arbres fruitiers, est, en fait, tout comme l'explosion de vie du Cambrien , une "des explosions" saisissantes de nouveaux types de forme de vie dont les évolutionnistes rencontrent des difficultés à expliquer. De plus, Genèse 1:21 dit clairement que Dieu a créé chaque âme vivante marine et chaque créature volante selon son espèce avant la fin du cinquième jour créateur. La phrase est sans équivoque et ne laisse aucune possibilité à  Réveillez-vous! pour spéculer sur l'enjambement des séquences de création sur plusieurs jours créateurs.